macien du pacha et ïe maître de la barque ; après
lavoir calfatée le mieux possible, elle reprit ïe
large, et nous achevâmes le trajet sans malen-
contre. ,
La vilie, presque déserte, était bien moins
■considérable que celle de Chendy : beaucoup
d habitans avaient pris la fuite; les autres avaient
caché leurs provisions, et, avec une feinte bonhomie,
se disaient affligés d’une disette extrême.
Enfin je parvins à m’y procurer, pour des piastres
d Espagne et quelques pièces de mouchoirs rouges,
des poules, une brebis et du dourah. Je
parcourus la ville et entrai dans beaucoup de
maisons où il n’y avait personne. Ne pouvant
trouver de barque pour retournér le même jour
au camp, je fus contraint de. passer la nuit chez le
mélik Lod-A’guyb, qui me témoigna des égards ;;
plusieurs plats de pâte cuite avec du beurre , et
du rôti de mouton, composèrent le souper. Je
me couchai ensuite sur une natte, recouvert de
mon bernous. Dans fa nuit même, deux kaouâs,
envoyés par le pacha , vinrent demander au
mélik le tribut qu’il avait promis de payer en
chameaux et en dourah ; ils firent beaucoup de
bruit pour qu’on exécutât sur-Ie-çhamp les ordres
dont rit étaient porteurs : ce ne fut néanmoins
que le 26, au jour, que l’on conduisit au fleuve
les objets requis.. Le mélik les accompagna. Son
costume consistait en deux chemises fines -de
toile de coton, l’une blanche et l’autre bleue;
il avait aux pieds des sandales en cuir semblables
à celles des anciens Egyptiens ; ses cheveux
étaient aussi tressés comme les leurs, et légèrement
graissés : au haut du bras, il portait a ttachés
de petits sachets de peau, contenant des
espèces d’amulettes ou papiers mystérieux sur
lesquels sont écrits certains versets dti Coran ;
ses doigts étaient garnis de grosses bagues d’argent
; un homme de sa suite portait son sâhre,
garni fl’argent Ce chef avait une haute stature,
la démarche fière et une figure agréable. A
notre arrivée au rivage, il s’assit comme moi
sur le sable, en attendant la barque : quatre
hommes de sa garde soutenaient un drap pour
le garantir du soleil. II m’interrogea sur ce que
venait faire le pacha , et sur Tépoque où il
comptait retourner au Caire. La politique d’Ismâyl
étant de s’introduire dans le pays comme
un libérateur,, qui venait mettre ses habitans à
l’abri de l’oppression des Chaykyés ; les égards
avec lesquels il traitait les chefs des provinces à
qui il donnait des vétemens d’honneur et des