je les conservai néanmoins comme objet de curiosité.
Cet oeuf n’est guère plus gros que* celui
de foie; les extrémités en sont plus arrondies.
A six heures, nous amarrâmes Ía barque à la
berge de gauche ; le canon que nous entendîmes
ie soir nous annonça la proximité de farmée,
qui était en avant de nous. Près du fleuve,
beaucoup de terres susceptibles de produire, aujourd’hui
en friche; sont couvertes d’acacias et
de nebkas.
Nous partîmes le 3 , au jour ; nous rencontrâmes
un convoi d’esclaves nègres., de trois
cents têtes environ, ies chameaux compris, car
ceux-ci comptent comme têtes d’esclaves. Cette
troupe avait recours, pour traverser le fleuve, aux
mêmes expédiens que nous avions vu déjà mettre
en oeuvre par f armée, turque. Nous nous arrêtâmes
un instant avec les chefs de cette petite
caravane. Les circonstances étaient peu favorables
pour eux ; ils craignaient que leurs esclaves
ne devinssent la proie des troupes du
pacha; ce qui les rendait très-pressés d’en faire
de f argent. L’un de ces marchands, vint m’offrir
une jeune Sa’ydeh pour la modique somme
de 150 francs. Cette femme, à ses cheveux
près et à la couleur de sa peau, était digne
de servir de modèle à quelque moderne Praxitèle
: sa physionomie exprimait la douceur,
et fensembïe de ses traits réunissait ces proportions
régulières qui, dans nos idées, constituent
ia beauté parfaite. Je lui donnai quelques verroteries
dont elle se para les seins; et fort embarrassée
de savoir ce qu’elle me rendrait en
échange, elle m offrit, avec une gracieuse simplicité
, un morceau de pâte grossière de dourah.
J étais ému de compassion : combien j’aurais
eu de plaisir à lui acheter sa iiberté! mais le
prix qu’on y mettait, quelque bas qu’il fût,
n était pas en ce moment à ma disposition. Je
la quittai en regrettant de ne pouvoir l’arracher à
son malheureux sort. Contrariée par ie vent,
notre embarcation .fit très-peu de chemin; nous
nous arrêtâmes près du viifage d’An-Noubah.
Le 4 juin, ie vent contraire augmentait. Une
foule d’habitans accoururent près de notre
barque : les femmes, non moins curieuses que
ies enfans , ne craignaient point, comme les
femmes du Barâbrah et de I’Égypte, de laisser
voir leur visage. Je desirais d’obtenir quelques
renseignemens sur le pays; mais ces gens ne répondant
jamais qu’avec défiance et anxiété aux
questions de cette nature, je pris patience, et
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