sur une pierre, comme dans le Barbar, à préparer
le pain et les boissons. Elles se délassent
à faire divers tissus de paille et des nattes très-
fines. C’est sur ces nattes que l’on couche : elles
font l’ornement des maisons ; les riches en entourent
leurs lits , ce qui les garantit un peu de
l’importunité des insectes nocturnes. On fait
usage de jarres et autres vases grossiers en terre;
mais ils ne sont ni aussi légers ni aussi commodes
que ceux que leur fournissent les calebasses, et
qu’ils appellent gamhs.
Le plus gmnd commerce de Sennâr a lieu
avec l’Egypte, qui devient ainsi l’entrepôt de
toutes les marchandises que l’intérieur de l’Afrique
fournit à l’Europe. C’est par les caravanes
ou gellabes qu’elles sont transportées. L’Egypte
tire du Sennâr des esclaves, du tamarin, de l’ivoire,
des cornes de rhinocéros *, des plumes
d’autruche, de la civette, de la gomme, de
l’encens, du séné, des outres en peaux de boeuf
estimées pour porter l’eau sur les chameaux, des
courbaches en peau d’hippopotame. Les besoins
des naturels sont fort bornés; on ne leur apporte
en retour qu’une petite quantité de mar-
* On les nomme kartite : elles sont fort chères ; on en fait des
poignées de sabre et de kandjar.
chandises, comme toile de cambrì, de coton,
des conteries de Venise, de l’étain, des lames
de sabre, du savon, du sucre, du riz , du poivre,
du girofle, du papier, des rasoirs, de petits
miroirs et autres menues merceries. Le Barbar
et le Chendy leur fournissent du froment et des
dattes; le Kordofan, de la poudre d’or, du
fer et des esclaves ; le Fazoql et tout le Sa y deh,
de l’or, du miel, des peaux bien préparées, des
sandales toutes faites, des courbaches, des
plumes d’autruche, et du sempsem; 1 Abyssinie,
de l’or provenant de Râs el-Fiï, à quatre jours
d e , Sennâr, sur la route de Gondar, des chevaux,
des esclaves fort belles et estimées »quelques'
toiles peintes de l’Inde pour les méliks, du
café de Moka, du miel, des bracelets en ivoire,
et autres parures de femmes. Ce sont les Arabes
nomades qui ramassent dans leurs bois la plus
grande partie des marchandises exportées. Les
Roufâhs sont ceux qui recueillent le plus de
gomme et de plumes d’autruche; ils vont chercher
ces dernières chez les peuplades riveraines du
fleuve Blanc. Les habitans des monts Bouk,
Sidak, Kouk, se livrent particulièrement à la
recherche de l’ivoire. Pour s’en procurer, ils
tendent des pièges aux éléphans et aux rhino