tivées ou susceptibles de l'être ; on me dit qu’une
multitude de villages étaient ainsi répandus daïis
l’intérieur de la presqu’île. En approchant de la
montagne , je vis qu’elle était en grande partie
tapissée de verdure. Nos regards, depuis si longtemps
Fatigués par l’aspect des rochers nus et
arides de l’Egypte et de la Nubie, sé délassaient
avec délices en contemplant Ce riant amphithéâtre.
L’état nuageux du ciel , lé bruit
lointain du tonnerre, cette fraîcheur de végétation,
tout contribuait ici à reporter ma pensée
vers le beau climat de l’Italie. Braquant une
longue-vue sur cette montagne, je reconnus
qu’elle était de formation primitive : cette ¿inconstance
diminua beaiicoup l’espérance que
j’avais conçue d’y trouver des monumens antiques
*. Je recommandai aussitôt à mon guidé de
me prévenir dès qu’il apercevrait ceux après
lesquels je courais : il me montra du doigt, un
instant après, des rochers de granit formés de
blocs naturels et arrondis, assez semblables à
ceux que l’on voit dans les environs d’Asouân en
J'àvàïs observe que par-tout ou manquaient les matériaux
propres à la construction des 'édifices;, tés Egyptiens n’en allaient
point chercher à de grandes distances, comme on fa quelquefois
suppose ; cela n’avait lieu que pour les monolithes qui décoraient
les édifices'.
Egypte. Ces éminences graniteuses, usées par le
frottement des eaux et des matières diverses que
celles-ci entraînaient dans leur cours lors des
grandes catastrophes diluviennes, présentent
aux points d’intersection de leurs masses constituantes*,
de profondes scissures à rebords
arrondis. Cette configuration accidentelle peut
aisément persuader à des Arabes que ces gros
quartiers de roche ont été travaillés et amoncelés
de la sorte par la main des hommes.
Ainsi s’évanouit pour cette fois ma prétendue
découverte de pyramides. Arrivé au hameau
de Mouyl, j’y laissai mon escorte, et montai avec
mon guide sur la montagne. J ’y remarquai le
baobab du Sénégal et d’autres arbres curieux,
et j’enrichis mon herbier de quelques plantes.
Ce groupe, composé de granit à lames de feldspath,
tantôt rose, tantôt blanc, s’étend nord et
sud à une lieue et demie environ : il a de 8 à 900
pieds d’élévation. «Des cavités naturelles s’y remplissent
des eaux de pluie, et deviennent ainsi des
réservoirs très-utiles aux habitans du voisinage.
Du sommet de ces montagnes, la vue s’étend au
loin sur la plaine , que des éminences éparses
bornent dans l’ouest et le nord-ouest. Le soir,
je rejoignis mon escorte. Le cheykh du lieu, chez