à Sennar le bon faqyr el-Omar el-Kassir, qui
ni avait témoigné tant de bienveillance et d’amitié
dans îe moment critique ou je me trouvai aux
pyramides d’Assour, J ’écrivis sous sa dictée là
chronologie des méliks de Chendy. Je puis bien
dire que c est 1 homme Je pius recommandable
que j eusse rencontre durant tout ce voyage;
je doistciter aussi avec éloge le cheykh Joseph,
du village dAbou-Ahrâz, qui me fournit jmr lé
pays, tous les rénseignemens qui étaient en son
pouvoir. Mes relations avec Ces deux personnes
me mirent à portée d’apprécier leur extrême
obligeance et leur bonne foi : qualités d’autant
plus remarquables, qu’elles sont fort peu communes
au Sennâr.
Le 22 octobre, dans la nuit, Ibrahym pacha
arriva avec trente de ses mamlouks ; il surprit
son frère, qui ne ^attendait que quelques jours
plus tard. Le lendemain au jour, Ismâyl'fit saluer
celui-ci de vingt-un coups de canon. Ibrahym,
craignant pour lui; comme pour sa suite, la
contagion dont Sennâr était infecté, n’y passa
que deux heures, et alla camper sur le fleuve, à
une lieue au sud de cette capitale. L’arrivée de
ce prince » généralement aimé, répandit le contentement
parmi les troupes. Ils s’empressa de
faire distribuer aux malades, sur ses propres provisions
, du riz, du froment et tout ce qu il était
en son pouvoir de leur procurer pour améliorei
leur situation ; il fit payer leur solde arriérée, leur
donna des vêtemens. Son médecin en chef eut
l’excellente idée de faire transporter à quelques
lieues de Sennâr tous les soldats dont la santé
était altérée ; et ce changement d air, le traitement
plus soigné qu’ils éprouvèrent, produisirent une
diminution rapide dans le nombre des malades.
Ces pauvres gens avaient souffert assez longtemps!
En mon particulier ; j avais eu bien des
tribulations. La santé de M. Letorzec et de
mon interprète me donnait les plus vives inquiétudes;
mes Arabes étaient dévorés par la
fièvre. Durant deux mois, ii me fallut soigner
seul toutes les personnes qui m’étaient attachées,
veiller à tous nos besoins, préparer moi-même nos
alimens, laver mon linge, soigner nos six chameaux,
courir de tous côtés à la recherche des
choses les plus indispensables à la vie. Lorsque
j’étais parvenu à obtenir un peu de froment * en
le payant jusqu’à un franc la livre, je;le mêlais
avec trois parties égales de dourah, et jen formais
une pâte qui , cuite en forme de galettes ,
nous tenait lieu de pain. Soit par. fierté, soit par