la rive droite; 1 autre rive était couverte d’acacias.
Les lieux habités que nous découvrîmes
durant cette excursion, étant trop nombreux
pour être cités ici, on peut, pour les connaître,
consulter les cartes et ia liste des noms de lieu,
à la fin du vol. 3. Dans la crainte de rencontrer
des écueils, nous n’osâmes point nous hasarder
à naviguer de nuit ; à cinq heures et demie du
soir, nous attachâmes la harque près d’Amdôm
ou Omdôm, village sur la partie droite du fleuve,
habitée par des Arabes Maq’arbehs, qui s’occupent
de la recherche du sel fossile, qu’ils purifient
et cristallisent en pains très-durs : ce sel
s’exporte jusqu’au-delà du Sennâr. Ces hommes
parurent peu aisés ; ils se montrèrent honnêtes
et affables à notre égard.
Le 2 juin, nous remîmes à la Toile à six heures
du matin. Les bords du fleuve Sont rarement
ensemencés; les habitans préfèrent établir plus
loin leurs cultures. Ce jour-Iâ, je vis beaucoup
de jeunes saules border le rivage. A neuf
heures, la barque s arrêta près d’ei-E’ylfoun ou
E y fo n , village assez grand : nous avions dépassées
ruines de Sobah. A notre aspect, une
foule d’hommes, de femmes et d’enfans accou-
îuient : notre barque était pour eux un grand
objet de curiosité ; c’était la première qu’ils
voyaient voguer avec des voiles. Descendu à
terre, je fus entouré par cette populace, pour
qui mon costume d’Osmanly n’était pas chose
moins singulière à leurs yeux. Ces gens, habitués
à toucher tout ce qu’ils voient, se pressaient
pour passer la main sur mes vêtemens : mon
schwal, mes souliers, attiraient toute leur attention
;-ces derniers sür-tout, dont la couleur rouge
les flattait infiniment. Après m’avoir ainsi passé
en revue des pieds à la tête, ils m’accompagnèrent
jusque chez le cheykh Idris , où il me
fallut subir une seconde inspection. Ce cheykh
était si loin de penser que j’étais chrétien, qu’il
mie reçut dans la mosquée même. II voulut me
retenir et me faire passer la journée avec lui ; il
m’accablait coup sur coup de questions sur le
passage de l’armée turque : mais moins pressé
de lui répondre que d’aller voir les ruines, je lui
offris une piastre d’Espagne, et il me donna
enfin un cheval et un guide pour me rendre à
Sobah. J ’ignore si la pièce d’argent lui Rivait inspiré
un tendre intérêt pour ma personne; mais
avant de nous quitter, il me dit avec épanche-
ment que j’avais bien fait de voyager dans une
barque ; car foginion générale dans le pays