dans le nord-est du Sennâr, c’est-à-dire, vers son
embouchure dans la province d’el-Aïze. Après
quatre jours dé marche, Divan-Effendy rencontra,
à peu de distance du fleuve, des Arabes
Djamélyehs, qu’il combattit : leur chef fut tué
avec vingt des siens, après une courte résistance.
On leur prit- trois çents chameaux,
beaucoup de boeufs et de moutons, qui arrivèrent
au camp.
Le 30 août, on conduisit au pacha un chef
de rebelles nommé Aly ou Toumsa, cousin du
mélik Nâser À’dyn de Barbar. Ce cheykh avait
pris ia fuite avec un parti d’Arabes, et excitait
à la défection dans la province de Barbar, où il
cherchait à se faire un parti, sur les rives de
l’Atbarah; il était même ennemi de Nâser- •
A’dyn, contre lequel il avait déjà combattu.
A son arrivée, il fut pendu. Il avait marché au
supplice avec fermeté et courage : on voulut l’attacher
pour l’y conduire, il pria qu’on n’en fît
rien. « Si je marche à la mort, dit-il, n’est-ce donc
» pas que ma dernière heure est arrivée?« Après
avoir recommandé son ame, il mourut sans
laisser apercevoir la moindre émotion.
Ce n’est pas la seule occasion que j’aie eue de
•reconnaître combien ces hommes ajoutent foi à
la prédestination. Par suite de ce préjugé, la
simple privation de la vie est devenue chez eux
une peine trop douce et qui ne fait pas assez
d’impression sur les esprits : les angoisses d’une
mort longue et douloureuse peuvent seules y
porter la terreur, et garantir la société contre
les entreprises des criminels et des perturbateurs.
Des fièvres tierces et malignes, des dysenteries,
des affections de bile noire, s’étant déjà
déclarées dans l’armée, nous menaçaient d’une
épidémie ; et vingt jours avant, nous nous félicitions
de la douceur et de la salubrité du climat!
Le pacha ne disait plus que le rapport de Bruce
fût contraire à la vérité : il avait vu, -dans un si
court espace de temps, le tiers de ses soldats en
proie aux maladies. J ’étais, de mon coté, vivement
inquiet sur la santé de M. Letorzec,
chez qui s’étaient manifestés des symptômes de
dysenterie qui demandaient beaucoup de soins ;
les deux domestiques arabes qui me restaient,
et mon interprète, étaient tourmentés par la
fièvre : il ne m était donc plus possible de
m’éloigner du Sennâr. Je faisais quelques
excursions dans le voisinage, pour me procurer
des insertes, des oiseaux et des plantes ; mais