qui n’est pas sans agrémens. Le bon faqyr
sortit de sa cabane, tout épouvanté à la vue
d’hommes armés envoyés par le pacha. Nous
ie priâmes de nous mener voir lés puits que je
savais être dans íes environs : tremblant et ne
pouvant revenir de sa frayeur, il nous conduisit
à un quart de iieue dans une petite vallée où
croissent beaucoup d’arbustès : là je vis trois
puits taillés dans le granit, qui ont 15 à 20 mètres
de profondeur ; le faqyr me dit qu’ils étaient
1 ouvrage des anciens Caffères. Je jugeai que
les eaux de pluie contribuaient plus à les entretenir
que les infiltrations souterraines : il y en
avait un quatrième à peu de distance. Dans Tété,
iis sont souvent à sec ; et les habitans sont
obligés d’aller jusqu’au fleuve chercher l’eau nécessaire
à leurs besoins. Il me parut dès-lors
démontré qu’un campement de troupes ne pouvait
avoir lieu ici. Je revins à l’habitation du
faqyr, et, chemin faisant, je le rassurai sur la
crainte que les soldats du pacha ne vinssent
disputer à ses concitoyens le peu d’eau Qu’ils
possédaient. Je laissai donc ce bon vieillard
plus tranquille, et nous sortîmes du vallon en
nous dirigeant au nord-ouest. Nous passâmes à
Heilet eï-Meter, Debeyat Aniga, et tournant à
l’est, suivant lé circuit de la montagne, nous
vîmes Masnab Heflet el-Fadol, Omdecour,
Haye, Alaka el-Kebyr, petits villages à demi-
heure les uns des autres, près desquels sont
quélques pièces de dourah et des mares d eau
provenant des pluies, foyers des fièvres endémiques
qui se manifestent avec les chaleurs. A un
quart de lieue près, nous avions fait, en moins
d’un jour, le tour de la montagne : nous reprîmes
la route de Sennâr, où nous arrivâmes le 4 au
matin.
J ’allai , le soir, rendre compte de ttia mission
au prince Ismâyl : je le trouvai dans la cour de
sa maison, où il faisait exercer ses artilleurs ;
lui-même il chargeait le canon. Dès qu’il me vit:
Approchez , me dit-il en arabe, apprenez
» comme moi à servir une pièce ; cela pourra
» nous être utile dans la campagne prochaine : si
» nous restons vous et moi les derniers, nous
».saurons au moins nous défendre.» Avec les
Européens, il avait toujours des manières douces
et affables. Je lui remis un plan topographique
des lieux que j’avais visités. Il parut étonné de
voir tant de villages cachés derrière la montagne.
Peut-être rendais-je , sans le vouloir, un fort
mauvais service à leurs habitans. Il fut convenu