grès, et offrant ainsi des matériaux propres à
férection de grands édifices ; ce que mon guide
m’avait dit de certains fieux nommés el-Mecaou- A
rât, Djébel, A rdân, Naga, situés au sud de
Chendy, et où, suivant fui, if existait des mo-
nümens anciens; je repassais tout cela dans mon
esprit, et un peu de confiance y renaissait. Enfin,
succombant à fa fatigue , je m’endormis. Mais à
une heure du matin , j’étais sur pied : j’éveillai
mes domestiques, qui ne pouvaient concevoir
que n’ayant point, comme auparavant, à jégfer
notre marche sur celle de l’armée ,• jë voulusse
follement courir fa nuit, tandis qu’if était si doux
de prendre nos aises. Mon guide seul, qui connaissait
fe motif de mon impatience, se mit de
bon coeur à charger nos chameaux. II ne rêvait,
fui, que trésors, et moi que pyramides ! Nous
étions prêts à partir, ' lorsque nous entendîmes
des* cris semblables à ceux de fa veille. C’était fe
méfik Nimir qui partait avec sa suite, aux acclamations
des habitans. Le malheureux prince
n’avait probablement pas goûté un repos plus
paisible qué le mien. Hélas! on n’abandonne pas
sans des regrets bien amers l’autorité suprême,
pour courber son front sous le joug des étrangers
! Nous jugeâmes prudent d’attendre que le
royal cortège se fût éloigné ; et à trois heures,
fe silence s’étant rétabli, nous nous mîmes en
route. A peine étions-nous hors du village, que
des cris d’une autre nature frappèrent nos oreiffles;
ceux-ci étaient des cris d’alarme, que jetaient
quelques habitans des villages voisins, à qui les
gens de fa suite de Nimir avaient volé des bestiaux.
A une demi-lieue plus loin, les mêmes
clameurs se firent encore entendre. Nous traversions
en ce moment un taillis touffu d’acacias
: nous aperçûmes un homme qui avait l’air
de nous observer et qui disparut ensuite. Je
conçus en ce moment quelques craintes, et me
reprochai l’imprudence que j’avais commise de
sortir avant. le. jour, car ce bois me parut être la
retraite de voleurs qu’on m’avait dit infester les
environs. Nous hâtâmes le pas ; et bientôt faube
du jour vint calmer nos inquiétudes. Nous nous
trouvions sur une vaste plaine déserte, éloignée
de trois quarts de lieue environ du fleuve : nous
nous approchâmes, dans l’est, vers une grande
chaîne de montagnes, où nous vîmes le grand
village d’el-Qobarab ou d’el-Moqren. A deux
lieues au-delà, dans un enfoncement, était celui
de Djébel,. qui prend son nom du desert où il
est situé:,