l’ouest, les provinces de Dinka et d’èl-Aïze. Son
territoire ainsi réduit peut, avoir quatre-vingt-
quinze lieues de longueur sur le fleuve ; suivant
la direction de celui-ci, sa largeur se borne à vingt
et trente lieues, plus ou moins : d’après les calculs
approximatifs que j’ai faits par village, on peut
évaluer sa population à six cent mille ames.
La province d’el-Aïze, habitée par de pauvres
pêcheurs musulmans, occupe la rive orientale
du fleuve Blanc, depuis son embouchure jusqu’à
la hauteur de Sennâr, à qui cette province
est soumise. La région, à partir de la ligne
comprise entre ce dernier point et la capitale,
jusqua Râs el-Khartoum, où est le confluent des
deux fleuves, forme une presqu’île qui prend le
nom de Gézyretel-Hoye.
Le sol est une argile sablonneuse générale-
lement moins grasse que celle de l’Egypte, attendu
que beaucoup de parties assez étendues
ne reçoivent pas les débordemens du Nil. L’hiver,
nommé chitcit, commence en janvier et
finit en mars : pendant ces trois mois, les vents
du nord soufflent constamment, les nuits sont
froides, et le ciel est souvent couvert. Les trois
mois suivans, saison du printemps en Europe,
¡sont ici l’été, nommé sêf; il finit avec le mois
de juin. Avril et mai sont les deux mois les plus
chauds ; le samône, vent brûlant qui vient du
nord-ouest, se fait sentir à cette époque durant
trente à quarante jours : cette direction est d’autant
plus remarquable, que le vent chaud ou
khairisyn, qui vient en Egypte en passant à
travers le même désert libyque, et porte son
haleine brûlante jusque sur la haute Nubie, le
khamsyn, dis-je, souffle du sud-ouest et du sud-
est* c’est-à-dire , en sens inverse du samône. Le
reste de l’été, les vents sont variables. Le 14 juin,
à midi, le thermomètre monta encore à 38°, et
la moindre chaleur, durant dix-huit jours , fut
de 28°. Le kharif[vent du sud], saison qui
répond à notre été, est l’époque des pluies, qu’y
apportent les vents du midi qui soufflent avec '
persévérance jusqua la fin de septembre. Pendant
ces trois mois, le ciel est constamment
nuageux, souvent très-chargé; la pluie tombe
par torrens ; les ouragans sont impétueux, les
orages fréquens , accompagnés de coups de
tonnerre qui font un horrible fracas. L'arabi,
vent du sud-est , souffle durant la moitié des
* Çest pai; erreur que M. Mengin dit qu’il vient du midi :
l’Abyssinie , couverte de bois, ne livreroit point passage à ce vent
brûlant.