n étaient armés que de lances et de sabres ; leurs
chefs seuls, couverts de cottes de maille et portant
de longs boucliers en peau de crocodile et
d’hippopotame, avaient des fusils. Cette considération
décida le pacha à se porter en avant.
Les Chaykyés l’y obligèrent d’ailleurs par de
fausses attaques qu’ils semblaient faire en se repliant,
pour concentrer leurs forces et porter un
grand coup à l’armée turque.
Le pacha fit prendre poste à ses troupes sur
une vaste plaine, au-delà des terres cultivées, où
d se plaça avantageusement : des cavaliers furent
envoyés en éclaireurs à la recherche de l’ennemi,
qui ne parut pas de la journée : l’armée turque
passa la nuit dans sa position. Le lendemain,
4 novembre, vers les deux heures ¿près midi’
on vit paraître dans l’est comme un nuage épais
qui grandissait en avançant; c’était l’armée des
Chaykyés, composée de combattans montés
sur des dromadaires , de cavalerie et d’une
nombreuse infanterie. Pour la première fois
Ismâyl faisait la guerre : plusieurs kâchefs, vieux
soldats, qui l’entouraient, crurent pouvoir se
permettre de lui faire des observations. Il leur
demanda avec véhémence s’ils prétendaient combattre
à leur manière, plutôt qu’à la sienne.
ï i assurance d’une soumission complété a ses
ordres fut toute leur réponse. En ce cas, dit le
prince, nous serons vainqueurs. A l’instant, il
prescrivit les dispositions à prendre pour se
mettre en défense : agile et plein d’ardeur, il parcourait
l’armée, recommandant à chacun de bien
faire son devoir et animant le courage de ses
troupes.
Bientôt les deux armées sont en présence. La
bonne contenance des Chaylyrés, et leur nombre
qui excédait quatre fois celui des Turcs,, semblaient
leur promettre une victoire assurée.
Pleins de confiance, ils approchent en faisant
retentir l’air de leurs cris et du bruit de leurs
timbales. Une jeune fille chaykyé, montée sui
un chameau richement harnaché, donne le signal
du combat, en faisant entendre des espèces
de roucoulemens familiers aux Arabes ; ces cris
se répètent et animent les combattans , qui
courent affronter le danger. Les deux partis s’en-
tre-choquent avec un acharnement-égal. L’aile
droite des Turcs fut dès l’abord fortement endommagée
par un parti de cavalerie, tandis
qu’un autre se portait sur la gauche : par-tout le
combat s’engage avec énergie. Les Chaykyés
avaient quelques armes à feu ; leur cavalerie