Le côté orientai du rocher descend en pente
douce vers le désert, qui est hérissé de monticules
de grès et de sabie légèrement rougi
par l’oxide de fer; on y rencontre, dans Fest-
nord-est de la ville, des tombeaux musulmans,
entre autres beaucoup de santons de forme conique.
L’exposition de Dongoïah fait mal augurer
des agrémens de ce séjour. En effet, les
habitans, isolés sur la crête de ce rocher, sont
exposés à tous les vents et aux incommodités des
sables qui viennent obstruer fes rues; à Fest, ils
ont un désert aride, affreux, où rien ne végète :
aussi fa ville est-elle aujourd’hui presque déserte,
et offre par-tout des ruines et Faspect de fa
misère. Le Nil vient battre au pied du rocher où
elle est bâtie; ce rocher est de grès blanchâtre,
tendre, par couches légèrement colorées en rose.
De faibles arbustes végètent sur quelques parcelles
de terre peu étendues.
CHAPITRE XXIV.
Misère des habitans. — Produits du Dongoïah ; usages du pays.
Départ pour Dâr - Chaykyé. — Château ; mirage ; nature du
Sol ; rapport d’un Chaykyé. — EI-Araq ; ruines. — Hannekv
lieu remarquable. — Meraoueh ou Meraouy ; pyramides. —
Mont BarkaI ; ruines. — Inquiétude envers les naturels ; arrivée
au corps d’Ismâyl. — Visite à A’bdyn bey.
Le l . er février, à 10 heures du matin, j avais
déjà parcouru une grande partie de la ville, ou,
pour mieux dire, de ses ruines. Deux femmes
seules s’étaient offertes à mes regards : un sale
morceau de toile couvrait à demi leur nudité, et
elles étaient transies de froid ; car un fort vent du
nord soufflait en ce moment, et élevait sur fa ville
des tourbillons de sable.
Depuis soixante ans , le pays de Dongoïah a
été ruiné par les Chaykyés. Les ravages qu’ils y
faisaient constamment forcèrent un grand nombre
d’habitans à s’expatrier : les uns allèrent habiter
la province de Barbar et celle de Chendy ;
d’autres émigrèrent jusqu’au Kourdofan et* au
Darfour. Voilà pourquoi l’on voit tant de terres
incultes, et la population si faible. Dongoïah,