environ; elle nest, dans cet intervalle , écartée
du fleuve Bleu que de trois cents toises; sa largeur
ici est à-peu-pres de deux cents pas : son
lit paraît très-encaissé ; ses bords sont couverts
d osiers et d acacias , et en partie cultivés.
L eau en était encore très-claire, tandis que celle
du fleuve Bleu était extrêmement limoneuse..
Suivant les naturels, elle perd cependant sa
limpidité durant quelques mois. Le Dender
réstë plein un tiers de iannée ; mais il nest à
sec en aucune saison. On dit son cours plus
étendu que celui du Rahad; il y existe des hippopotames
et des crocodiles. A l’est du Rahad ,
les éléphanS sont communs. La partie est du
Dender, et au-delà vers le Rahad , est habitée
par des tribus d’Arabes Kaouâhlehs. Au Dender
finit la province d’Ouâd-A’guyb ou de Lod-
A’g u y b ,e t commence le Sennâr. Tout le territoire
contenu entre le Rahad et le Dender
porté le nom de* Gezyre £Î-Gezyre j~ l’île de
I He J. Il se trouve effectivement ehclavé entre
deux îles, celle de Méroé au nord , et celle que
forme au sud une partie du Sennâr et de l’A-
byssinie *, par spite du contour que font le
Ce qui s accorde avec la conformation que les anciens don-
naiflnt a l’île de Méroé.
fleuve Bleu et le Dender, jusqu’au rapprochement
de leurs sources.
Suivant les habitans d’el- Qreyqreyb , il y
a quatre jours de marche pour aller au fleuve
Blanc, dans l’ouest. Aux environs d’el-A’t«hân,
village sur l’autre rive , sont des Arabes
Kaouâhlehs. Là je vis une troupe de onze singes
de l’espèce des callitriches, qui paraît être la
plus commune : rarement on parvient à rendre
ces singes familiers; ils n’ont pas l’intelligence
des babouins. Lorsque les habitans veulent en
prendre, sur-tout des jeunes , ils exposent* à
leur portée des vases pleins de bulbul ; cette
boisson les enivre , et il est facile alors de s’en
emparer. Nous attachâmes la barque près d’el-
A’tchân. Le 17 juin, notre navigation ne fut
pas plus rapide : il fallait, dans nombre d’endroits
difficiles, faire tirer la barque à force de bras.
Nous nous arrêtâmes le soir à Sâba’doleyb ,
village divisé en deux parties par le fleuve. Nous
y essuyâmes la nuit un très-fort orage ; le tonnerre
grondait d’une manière épouvantable. Je
n’avais pas jugé prudent d’aller chercher un
abri dans le village : tout ce que j’avais pour
me vêtir fut trempé de pluie. Je regrettais, en ce
moment, le beau ciel de i’Égypte.