l’enveloppait reste adhérente aux parois de l’oeuf.
Tous avaient à-peu-près la même dimension,
c’est-à-dire, 30 centimètres [ un pied environ ]
de longueur sur 12 [4 pouces ] de circonférence
au plus gros du corps ; et cependant chaque
oeuf, dont íes bouts sont également arrondis,
n’avait que 8 centimètres [3 pouces] de longueur
et 16 centimètres et demi [7 pouces] de circonférence.
On est vraiment étonné qu’un animai
de cette taille ait pu contenir dans un espace
aussi étroit. Les pattes de devant, longues de
5 centimètres, ont cinq doigts palmés, dont les
trois premiers seulement sont armés d’ongles ;
celles de derrière, plus longues, n’ont que quatre
doigts, dont l’extérieur est dépourvu de griffe,
et Squi sont réunis par des membranes plus
grandes. L’oeil est de couleur olive; la prunelle
est traversée perpendiculairement par une raie
noire entourée d’un filet- blanc : le corps, gros
et raccourci, diminue en s’alongeant dans les
premiers temps. L’animal, dès en naissant,
montre de la férocité : il cherche à surprendre
et à mordre. Par la suite, j’ai trouvé plusieurs
fois encore des oeufs de crocodiles, mais toujours
délaissés par la mère. La facilité qu’a le
petit animai d’éclore sans secours, et de se
suffire à lui-même, fait conjecturer que la femelle
ne donne aucun soin ultérieur au développement
de sa ponte. Mes petits crocodiles étant sortis
des oeufs, je les exposai au soleil : puis ils s’élancèrent
d’eux-mêmes dans Fespèce de bassin
que je leur avais préparé, et au centre duquel
était disposée unq place en forme d’île où ils
venaient au dessus de l’eau respirer l’air en
nature.
Je leur donnai en vain du poisson, de la
viande et d’autres alimens; ils n’y touchèrent pas.
Les habitans me dirent que ces animaux, étant
jeunes, ne vivent que d’argile limoneuse. Je
leur en donnai, et les conservai ainsi vivans
pendant six «nois : mais à l’époque des pluies,
ils moururent tous, de froid sans doute, sans
avoir pris un accroissement bien sensible.
Le 21 juin, sur les dix heures du matin, nous
arrivâmes à Taybah, grand village sur la rive
gauche. Je pus trouver ici un âne pour monture,
et je quittai aussitôt la barque pour me rendre
par terre à Sennâr, dont je n’étais éloigné que
de trois lieues. A deux heures, j’arrivai dans
cette capitale.