Fazoqi, et qu’il se ferait un plaisir de m’y recevoir;
il me donna un de ses ministres pour
m’accompagner, et je crus m’apercevoir qu’il lui
recommandait de faire préparer chez lui ce qui
nous serait nécessaire.
Continuant donc.à longer le pied de la montagne
dans le nord-ouest, nous arrivâmes à
Fazoql. Je m’étonnai qu’un village d’une aussi
mince apparence donnât le nom à la province,
ou le reçût d’elle. Comme ceux que nous avions
déjà vus, c’est un ramas de cabanes circulaires.
II est situé au pied de la montagne du même nom,
et près du Nil. Des baobabs ou des rochers le
masquent de toute part.
Cette montagne est granitique : on y trouve
également des roches amphiboliques et feld-
spathiques, des filons de feld-spath blanc souvent
à l’état saccharoïde. Elle est la plus haute de celles
que noçis avions rencontrées jusqu’alors : elle
s’étend au nord-ouest. Ses flancs sont tapissés
d’arbres et d’arbrisseaux; et comme à celle de
Kiigou, on est étonné de voir des arbres vigoureusement
constitués, élancer leurs tiges majestueuses
à travers les fissures des rochers ; et
paraître tirer de ces masses compactes les sucs
nutritifs nécessaires à leur accroissement. J ’ai
vu des blocs de granit engagés aux trois quarts,
dans des troncs de baobabs. En face de Fazoql
est le village de Fâmakah. Le fleuve a ici 300
pas environ de largeur : des roches très-élevées
en forment les bords; un tronc d’arbre creusé
sert de barque. aux habitans, pour traverser
d’un rivage à l’autre. Je neus pas lieu detre
très-satisfait de ma course : en effet, la vue dun
misérable village n’avait rien de bien intéressant;
et la plupart de ses habitans s’étaient enfuis sur
la rive opposée. La nuit venue et le melik n arrivant
pas, mes Chaykyés m’engagèrent beaucoup
à retourner au camp. Il était peu prudent, à la
vérité, de passer la nuit dans ce lieu, en I absence
du mélik : en conséquence, nous prîmes le parti
de nous retirer. A peine avions-nous fait une
demi-lieue dans le bois, que nous trouvâmes
le mélik avec quarante hommes de sa garde,
armés chacun de deux lances et d’un sabre. Je
lui dis quêtant encore si près de Fazoql, nous
allions rétrograder pour passer la nuit dans sa
résidence. II en parut satisfait, e t me dit qu’il
avait pressé son retour exprès pour moi; et
d’autant plus, ajouta-t-il, que le pacha m’avait
recommandé à lui. En arrivant, il nous envoya
pour souper quelques plats de pâte de dourah