cents pas, sur un sol uni et couvert de jeunes
acacias, mais offrant peu de terres cultivées :
dans toute l’étendue de la province , fa rive
orientale est fa plus riche ; des arbres nous barraient
souvent le passage. Au bout d’une heure
de marche, nous étions à el-Sélectab, fieu composé
de quelques habitations éparses; puis, laissant
derrière nous de vastes plaines qui s’étendent
dans l’ouest, l’A’qahah Guirguir et quelques montagnes
à deux heures du fleuve, nous atteignîmes
el-Fadlâb, groupe de cabanes en paille et le dernier
lieu habité de la province de Barbar. Bientôt
on entre dans le Dâr Djâhl ou Iâle, petite province
occupant les deux côtés du Nil, entre celles
de Barbar et de Chendy, et qui dépend aujourd’hui
de la dernière. A deux heures, cherchant
à voir l’embouchure de i’Atbarah ( Astaboras des
anciens), dernière rivière dans le nord qui vient
grossir le fleuve, nous fîmes un quart de lieue
à l’est , et nous arrivâmes en face de la dernière
île de Barbar, nommée Oum Quediq, située tout
près et au-dessous du confluent de cette rivière
avec le Nil. L’embouchure en est encombrée de
sables ; elle est large de quatre à cinq cents pas
environ. La moitié du fleuve, qui est étroit dans
cette partie, fait la séparation de Dâr Barbar et
de Dâr Djâhl. Les habitans voisins des bords de
f Atbarah ne peuvent boire de ses eaux, qui sont
stagnantes dans cette saison,, pendant trois à
quatre mois de l’annee. Durant son débordement,
qui commence au mois de ramadan, cette rivière
charie beaucoup de bois, qui, avec celui
qui vient du haut Nil, approvisionne les habitans
de Barbar et de Robâtât. Nous vînmes à el-
Masalamâb , premier village de Dâr Djâhl, après
avoir marché huit heures et demie. Tout le jour
il régna un fort vent du nord : il nous fit supporter
facilement la chaleur, qui s’élevait à midi à 40°.
Lorsque le cheykh du village eut pris connaissance
de ma lettre , il donna ordre, sans que nous
eussions rien demandé, qu’on plaçât dans nçtre
tente des engarebs pour nous y reposer ; et cet
ordre fut exécuté sans délai : on nous apporta en
même temps des vases pleins de lait, du pain de
dourah et des fritures de pâte en abondance. En
général, les Arabes sont hospitaliers : cependant
je m’apercevais bien que toutes ces prévenances
étaient dues à la proximité où nous nous trouvions
encore de l’armée turque. J ’aurais voulu traverser
ici le fleuve , et en suivre la rive orientale ; mais
nous ne pouvions nous procurer une barque; on
nous fit espérer qu’il y en aurait plus loin, dans le
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