dépouilles de ces malheureux, : on y voyait
exposés en vente, des lances, des sabres *,
des cottes de mailles pour les cavaliers, des
armures dont j’aurai occasion de parler ailleurs;
beaucoup de harnais en cuir pour les dromadaires
, tels que sangles, cordons ornés de
gros glands, chargés de viroles en étaim imitant
l’argent; des peaux rouges, bién tannées;
des sandales cousues avec perfection ; des
haches, des couteaux , des ciseaux tranchans,
emmanchés en bois avec art ; telle est la hache
(planche LVI, fîg. 15 et 151 ), qui est copiée
d’après un instrument de ce genre trouvé dans
les tombeaux de Thèbes. Ce qui attira le plus
mon attention, ce furent des ouvrages tissus en
perles de verre de diverses couleurs, formant
des dessins très - réguliers ; ils en ornent leurs
dromadaires : les femmes s’en font des espèces
de jupons courts ouverts sur les côtés (pl. LVH,
fîg' 15 > v°l* H). Les Arabes nomades principalement
se parent aujourd’hui de ces ouvrages
en verroterie : les rassades qu’ils y emploient,
leur sont apportées aussi par les caravanes.
J ’admirais la perfection du travail de tous ces
Les sabres ont toujours des lames à deux'tranchans*, cte
fabrique d'Allemagne ; iis sont apportés par les' caravanes. ;
objets, bien étonnante, en effet, lorsqu’on pense
qu’ils sont sortis des mains d’hommes grossiers et
à demi sauvages, habitant à de grandes distances
du séjour des villes. L’art de eonfectionner ces
ornemens en perles de verre ou d’émail, paraît,
ainsi que tant d’autres usages, s’être conservé
parmi eux depuis les premiers temps dé la civilisation
de ces’contrées; car j’en ai trouvé , dans
les tombeaux de Thèbes, plusieurs de la même
espèce que j’ai apportés à Paris et déposés à la
bibliothèque du roi.
Les habitans du Sennâr furent frappés d’éton-
nement , en voyant avec quelle rapidité Haggi-
Hammed avait subjugué ces peuplades de
païens : ils avouaient que, de mémoire d’homme,
aucun roi du Sennâr n’avait remporté sur elles
de tels avantages.