Vouloir ie dissuader de cette erreur, c’eût été
lui faire croire à une mauvaise volonté de ma
paçt; je m abstins , en conséquence, de toute
objection. J ’avais déjà vu D jébel-Mouyl ; mais
je nétais,pas fâché d’y faire une seconde excursion.
Je pris une escorte de huit Bédouins, un
interprète, et nous partîmes ie 1." décembre, à
trois heures de ï’après - midi. Nous nous arrê-
tâmespour coucher dans un petit village. Le lendemain
nous arrivâmes de bonne heure à Alaka
el-Soghayr, lieu habité près de l’extrémité sud
de Djébel-Mouyl. Depuis Sennâr, nous avions
marché six heures ;, après avoir pris un peu de
repos, je jugeai convenable, pour m’acquitter
de ma commission et en même temps satisfaire
ma curiosité, de faire le tour de la montagne.
Nous e n ,côtoyâmes le pied dans le sud; et au
bout d’une demi-heure , nous fûmes au hameau
d el-Mek. J ’employai le reste de la journée à
ramasser des plantes pour mon herbier, et des
échantillons de roches. Les matières qui constituent
cette montagne sont une syénite assez
chargée d amphibole, et des roches amphiboli-
ques ; un feld-spath verdâtre en fórme le sommet.
La difficulté du transport sur les chameaux m’a
souvent empêché de conserver autant de fragmens
minéralogiques que j’aurais voulu. Je visitai
les réservoirs d’eau : oe sont des excavations
| en partie naturelles, qui se remplissent
des eaux de pluie; ces eaux stagnantes sont
promptement corrompues par les grandes chaleurs.
Le 3, continuant à contourner la montagne
au sud et au sud-ouest, nous entrâmes, une
demi-heure après, dans une petite vallée qui la
partage nord et sud, et àFouverture de laquelle
„est le hameau de Matamma. Dans cette vallée,
croît çà et là une espèce d’acacia : ce sont des
arbrisseaux qui poussent naturellement en éventail,
e t ’sont aplatis à leur sommité , de façon
qu’on dirait qu’ils ont été taillés ainsi par la main
du jardinier. Plusieurs étaient couverts de cocons
ressemblant à ceux du ver à soie ; j’en pris quelques
uns : ils étaient vides ; je ne pus reconnaître
quelle espèce dé chenille les avait tissus. Après
un trajet d’une demi-heure, nous nous trouvâmes
dans un joli vallon : là était l’habitation du faqyr
el-Bichyr, entourée de quelques autres de mince
apparence; cependant des acacias, des nebkas,
et des arbustes de la nature des genêts, mais
portant une fleur rouge, au milieu desquels est
sittié ce hameau solitaire, composent un paysage