Sur íes îles et sur les rives du fleuve, je retrouvais
parfois les belles coquilles que * j’avais
vues dans la province de Robâtât. Leur texture
feuilletée les ferait prendre pour des huîtres,
sans*un examen bien attentif. Cette coquille,
- bien reconnue aujourd’hui comme devant appartenir
au genre éthérie, est remarquable par
son talon , qui souvent semble ^accroître et
présenter nombre de compartimens. J ’avais conservé,
de ces valves d’éthéries qui avaient jusqu’à
huit ou dix ponces de longueur : la forme en
est alongée et variée , la nacre blanche et feuilletée.
Les deux attaches musculaires semblent
être le seul motif qui jusqua présent a fait
placer ces éthéries avec les cames plutôt qu’avec
les huîtres, dont elles ont du reste tout lë caractère
( voyez pl. LXI, fig. l à 3 , vol. II ) \
J ’ai vu les habitans de la province de Robâtât
M. le baron de Fe'russac a publie' une notice sur ce genre de
coquilles qu’il a nomme'es ( voyez tome ÍII j fluviátiles, telíés que
deux anodontes, deux ampuflaires, dont une de grande espèce
que j’avais de'jà rencontrée communément dans les sources des
oasis, deux espèces de mulettes et autres, quelques coquilles
terrestres, dont une belle hélix flammâta et rbélix îrréguïieré,
espèce qui varie beaucoup de forme et de couleur. ( Voy. les
pl. LX et LXI.) J’en conserve dont les animaux vivent depuis
près de trois ans sans qu’ils aient jamais mange' : cet exemple, au
reste, n’est pas unique.
et de celle de Barbar, sur la partie gauche du
fleuve, en ramasser pour couvrir et décorer les
tombeaux, leur substance nacrée devenant très-
brilïante lorsqu’elle a été exposée quelque temps
à 1 action du soleil. Il paraît que les cataractes
de Robâtât sont la cause qui empêche cette
coquille de descendre plus bas; Les habitans
du Sennâr là nomment edjâleh. Ils m’assurèrent
que, dans les basses eaux du fleuve, on en
trouve de vivantes, et que les peuplades voisines
du Iâbous, où ces coquilles sont plus communes
, les emploient à leur nourriture. Malgré
les recherches les plus soigneuses, je ffen ai
paS découvert une seule avec lanimal ; il est vrai
que je n ai pu les faire à l’époqüe des basses eaux.
Le 18, nos regards furent récréés par divers
sites agréables que nous offraient les bords du
fleuve, en général tapissés de grands acacias.
Je vis une troupe de huit singes verts, qui sautaient
avec légéreté de branche en branché, et
semblaient nous menacer en grinçant les dents.
Le vent nous retint au nord de Sentobâr, grand
village divisé en deux parties qui occupent l’une
etl’autre rive. Nous y passâmes les trois quarts
de la journée. Par-tout où nous nous arrêtions,
les habitans accouraient en foule sur la grève.