plaisir que mon modeste cadeau : naturellement
affable et honnête, il redoubla de prévenances.
Enfin je le quittai pour retourner au camp, où
nous arrivâmes à. deux heures.
Le mélik et les cheykhs des montagnes environnantes
venaient, chaque jour, avec leur
suite, près d’Ismâyl, pour s’accorder sur le tribut
qu’ils devaient payer. II fut définitivement arrêté
qu’ils donneraient, pour cent montagnes, mille
ouqyahs d’or*, et deux mille esclaves mâles : le
même jour, ils payèrent près d’un quart de ce
tribut.
Le 10, une nouvelle bien fâcheuse, et que
j’avais malheureusement trop prévue, vint détruire
les beaux projets que j’avais formés : nous
apprîmes qu’Ibrahym, en grand danger par suite
de sa maladie, avait laissé le commandement de
son armée à son sélectar, etétaitpartid’el-Qerebyn
avec M. Ricci, son médecin, pour retourner en
Egypte, C’est alors qu’il me fallut dire adieu au
fleuve Blanc, à Bournou et à toutes les brillantes
illusions dont ce prince m’avait bercé au
Sennâr.
Ici nous devions encore quitter de nouveau
' * L’ouqyah vaut une once un gros quarante-sept grains de
nos poids.
le Nil ; ce qui affligeait beaucoup les soldats.
D’un autre côté néanmoins, la curiosité, et peut-
être. l’espérance de trouver des mines d’or où
ils n’auraient qu’à puiser à pleines mains, semblaient
soutenir et même électriser une partie
d’entre eux, les mineurs sur-tout. Le départ fut
fixé au 12. Je ne dirai rien ici des renseignemens
que j’avais recueillis sur cette contrée ; j’en parlerai
plus loin, en y joignant ceux que je pùs
obtenir à mon retour.
Depuis notre arrivée ici , M. Letorzec était
travaillé de la fièvre ; sa fâcheuse position m’inquiétait
beaucoup : combien il était pénible pour
lui, dans l’état de faiblesse où il commençait à
se trouver, de soutenir les fatigues excessives
du voyage! On laissa ici deux pièces de canon,
des tentes et beaucoup de bagage, la rareté des
chameaux ne permettant point de s’en charger:
on ne trouvait point de ces animaux dans le pays.
Les autres bouches à feu furent retirées de leurs
affûts, et Ton chargea le tout, pièce à pièce, sur
des chameaux. Cet expédient nous présageait
que nous avions encore à parcourir des chemins
détestables. Le 12 janvier, on se mit en route à
six heures et demie du matin, en se dirigeant au
sud vers la montagne d’Aqarô. A une lieue de