mation en prononçant ïe nom de son prophète ,
et témoigna la plus grande surprise. Je pris
congé de cet ex-monarque pour aller visiter celui
de Chendy, mélik Nimir. On m’avait prévenu
de son caractère hautain, de sa fierté : je le
trouvai assis sur un engareb (lit) lisant le Coran ;
comme il n’y avait point d’autres sièges dans la
pièce où il était, j’allai m’asseoir près de lui;
plusieurs gardes de sa suite se tenaient debout
autour de nous. Nimir est un homme de six pieds;
il a le regard dur, l’humeur sombre ; il est réfléchi,
plein d’orgueil et d’audace , studieux et
dévot. Il était vêtu d’une chemise de toile
blanche, avait des sandales de cuir, le bonnet
d’indienne piqué, distinctif des méïiks, et portait
au cou, par superstition, des colliers de
derviche, et quelques sachets en cuir renfermant
des papiers où sont écrits certains versets du
Coran. Nous parlâmes de sa province de Chendy
et des pyramides de Méroé quelle renferme ; je
lui demandai des renseignemens sur les ruines
qui me restaient à voir, c’est-à-dire, celles d’el-
Meçaourât je t de Naga. II me dit qu’il connaissait
ces lieux, et savait par tradition que le
nom d’el-Meçaourât avait appartenu à un faqyr
[écrivain, homme de lettres] qui y faisait sa
.demeure. II en comparait les monumens aux
temples de Soleb et de Semné. Ces détails me
confirmèrent de plus en plus l’existence des
ruines qui en étaient l’objet, et que je me flattais
de visiter à mon retour. Je ne fus pas moins
généreux envers ce prince que je ne lavais été
envers le roi Bâdy, et il ne se montra pas moins
émerveillé en me voyant tirer à volonté du
feu d’une bouteille. Lorsque je le quittai, il me
pria de laisser venir avec moi un de ses gens,
parce qu’il voulait connaître ma demeure. J ’en
pris occasion de lui envoyer, par cet affidé, une
pièce de mouchoirs rouges pour ses favorites.
Le 4 août, dans une entrevue que j'eus avec
fe pacha, il se louait beaucoup du climat du
Sennâr: mais un mois seulement de la mauvaise
saison s’était écoulé ; nous n’avions encore eu
que peu de pluie et de tonnerre; la chaleur
n’avait é té , terme moyen, que de 25° le matin
et 30° le soir; il ne régnait point de maladies
parmi les troupes. Un début aussi favorable me
persuadait à moi-même que l’on avait beaucoup
exagéré l’insalubrité de cette région. Le pacha
disait déjà qu’il n’en croirait plus les voyageurs;
que la relation de Bruce, qui lui avait été traduite,
était mensongère. Cette relation l’avait