faisaient surmonter sans humeur tous ces obstacles
, qui cependant retardaient notre marche.
Les végétaux respirent sur cette îïe la fraîcheur
et la vie : les arbres' qui ont péri desséchés
par la main du temps ou étouffés par
les violentes étreintes des lianes , présentent
eux-mêmes les apparences de la vigueur et de
la jeunesse, sous le tissu de verdure dont les
enlacent ces plantes gigantesques , qui forment
de toute part de magnifiques berceaux que l’art
aurait peine à imiter.
Nous arrivâmes enfin au lieu où notre curiosité
nous attirait. II est situé à une lieue trois
quarts dans le nord quelques degrés est du hameau
de Toura, et à deux lieues et demie de
l’extrémité sud de l’île. On y voit deux statues
colossales de Memnon : un espace n u , couvert
de petits fragmens de grès, et qui a
84 mètres de longueur de l’est à l’ouest, sur
53 mètres de largeur, était remplacement du
temple. Les matériaux de cet édifice ont été
totalement enlevés ; on ne reconnaît pas une
seule pierre de quelque volume qui ait pu lui
appartenir * aucun indice ne fait espérer que
des fouilles pussent y avoir un grand succès.
A l’extrémité ouest de cet emplacement et, dan s
chaque angle, sont les statues dont j’ai parlé
plus haut ; elles sont renversées sur le sol : leur
position indique que l’entrée de l’édifice était
située à l’est, et qu’elles se regardaient, ce qui
n’est pas ordinaire, quoique cela se voie aussi
au grand palais de Karnak à Thèbes. Ces
statues sont de granit gris ; elles ont 7 mètres
de hauteur, y compris le socle, de 55 centimètres.
Leur exécution n’est pas d’un très-bon
style. ; les figures sont trop plates, les corps
aussi, et le nez est trop écrasé : on n’y reconnaît
point la correction et le beau travail de
la tête priSe par les Anglais au Memnonium :
j’en infère, non que cette tête n’est point un
ouvrage égyptien, mais qu’elle est d’une époque
plus moderne.
Les deux statües sont représentées debout
et dans l’attitude de marcher ; celle qui est au
sud est la moins bien conservée : les deux bras
jusqu’aux épaules sont emportés ; le nez est un
peu mutilé; les prunelles sont indiquées; elle
porte une trousse u n ie, une ceinture nouée
par devant ; sur la poitrine sont deux agrafes
qui passent sur les épaules èt soutiennent un
ceinturon ; desornemens en forme de bracelet,
unis, lui entourent les jambes. L’autre statue,
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