Zibert avait pris la fuite avec les rebelles. Le
prince, touché de sa candeur, de sa tendresse
filiale, la fit couvrir d’une riche tunique, lui
donna un collier de sequins d’or et divers autres
bijoux. Safie, inconsolable, demandait son père
et sa simple parure. Le prince mit tous ses
soins à calmer ses inquiétudes et à rassurer sa
pudeur. Il la fit monter sur un chameau, lui
donna une escorte de ses officiers , et la renvoya
à son père. Celui-ci, qui avait appris
l’enlèvement de sa fille , revenait sur ses pas
avec quelques-uns de ses gens qu’il avait ralliés :
il avait juré de périr ou de la sauver. II s’avan-
çait en hâte, lorsqu’il aperçut cette fille chérie
qui courut se précipiter dans ses bras. Sa joie
était inexprimable, mais non sans trouble : ses
regards inquiets parcouraient le riche ajustement
de Safie ( vol 1, pl. LXII ); il l’interroge avec
anxiété, et apprend que son honneur n’a pas
éprouvé le plus léger outrage. Transporté d’admiration
et de reconnaissance pour les généreux
procédés de son ennemi, il prend la résolution
de mettre à l’instant bas les armes, détermine
ses compagnons à suivre son exemple, et ils
vont tous ensemble se jeter aux pieds d’Ismâyl.
La cavalerie ehaykyé, revenue sur le bord du
il. 5