sures qu’il avait reçues , nous dit-il, dans les
guerres contre le mélik Chaouss Chaykyé. On
nous présenta des sièges; c’étaient de petits tabourets
de neuf pouces de haut, semblables à
un que je trouvai dans les hypogées de Thèbes
( voy. vol. 2, pl. LVÜ, fig. 2). La vue de ces
meubles, d’un usage très-peu répandu parmi
les Musulmans, excita ma surprise : on sait
qu’ils ont coutume de s’asseoir à terre en croisant
les jambes; il en est même qui, si on leur présente
une de nos chaises, s’y placent dans la
même position *. Plusieurs personnes étaient assises
comme nous : on servit le café, la pipe et
des fritures de pâte ; le mélik termina par nous
demander des remèdes. Tout ce que je pus voir
de lui, ce fut une figure altérée par la souffrance.
Son lit était un engareb comme ceux
des Barâbrahs ( voy. vol 1, pl. LVÜ, fig. 3 ) :
celui-ci, en bois dur, dont les pieds, faits au
tour, me manquaient pas d’élégance, était incrusté
de quadrilles en nacre de perle ; des nattes
de paille très-fine ornées de dessins, des tapis de
laine d’AIep et une douzaine de fusils, la plupart
* Les beys et autres grands chez les Turcs savent appre'cier la
commodité d’un sie'ge , et parfois en font usage : iis le transportent
dans la campagne pour s’y asseoir comme nous.
à mèche, formaient tout le ’décor de l’appartement.
Cinq méliks ou cheykhs des environs
entrèrent sur ces entrefaites. Je fus surpris du
beau caractère de leurs figures et de la hauteur
gigantesque de leur taille, dont la disproportion
avec celle de leurs gens qu’ils avaient laissés à
la porte, était vraiment remarquable. Je réfléchis
en ce moment que la vue de ces hommes devait
m’expliquer la coutume qu’avaient adoptée les anciens
sculpteurs égyptiens, de donner des formes
colossales aux héros quils représentaient ( voy.
vol. Il, pl. LXXffl, fig. 1). C’est, en effet, un
préjugé qui, dans ces contrées, subsiste encore
aujourd’hui, qu’un petit corps ne saurait loger
tout ce qu’un grand peut contenir ; que 1 esprit,
les talens, la force, le courage, la pénétration,
toutes les qualités physiques et morales, en un
mot, doivent se trouver, chez les hommes, dans
une proportion relative à leur stature.
Le vêtement de ces chefs consistait, pour les
uns, en une seule chemise de toile très-blanehe ;
pour les autres, en une pièce de toile de la
même espèce, liée par un bout, à la ceinture, et
dont le reste était drapé sur le corps : les uns
portaient les cheveux courts et bouclés; les
autres les avaient tressés et bien graissés de