7 6 VOYAGE À MÉROÉ,
autres se rendraient à Barbar : l'infanterie devait
suivre le bord du fleuve, tandis que lui-méme,
accompagné d’A’bdin bey, dirigerait ia cavalerie
par le sud-est du désert, afin d’éviter un grand
contour que fait le Nil. Ne voulant pas me séparer
sitôt de mon bienfaiteur, je résolus de suivre
cette route; me réservant d’explorer cette partie
du fleuve à mon retour.
Cent vingt barques, trop grandes pour passer
la cataracte des Chaykyés, les eaux du Nil étant
basses, restèrent dans cette province; on y laissa
aussi le matériel dont l’armée pouvait se passer
et les malades, le tout sous la garde de trois cents
Mohgrebins.
Le 21 février, le, pacha fit lever le camp.
Dès le jour, les cris des Arabes et des chameaux
retentissaient de toute part. A neuf
heures, un coup de canon avertit de charger
les chameaux ; à onze heures, le bruit des petits
tambours ouvrit et guida la marche. On
s’avança entre les limites du désert et celles des
terres cultivées qui, dans cette partie, s’étendent
à cent et deux cents pas; du fleuve. Une colline
de granit peu élevée nous bornait la vue vers le
sud-est. Sur le Nil se voyait un long groupe
de rochers. Après deux heures dé marché, nous
CHAPITRE XXVII.
éfions en face d’une île nommée Méraouy, nom
qui éveilla mon attention ; mais on m’assura
qu’elle ne contient aucun monument antique.
Nous franchîmes une montagne élevée, appelée
Koulqeyli et aussi, me dit-on, Méraouy, à
cause de sa proximité de l’île de ce nom. L’aridité
du soï sur ce point nous annonçait l’approche
de la cataracte. Ici on s’enfonce un peu
dans le désert, dont la surface estjhérissée de
rochers et de granit, et on laisse le fleuve à une
distance de tantôt un quart, tantôt un demi-
quart de lieue : son lit est encombré de rochers;
l’île Ouly , en grande partie inculte , et où
croissent cependant des acacias, ne laisse entre
elle et la rive gauche qu’ün canal étroit. Après
cinq heures de marche, l’armée campa à Mou-
touâl. De l’autre côté du fleuve, à peu de distance,
je distinguai des ruines de constructions
en terre.
Le 22 , l’armée, pour éviter un long circuit,
prit sa direction par le désert. Pressé par l’ex-
trème envie de voir une partie de la cataracte,
je continuai, avec ma suite, à cotoyer le fleuve.
A trois quarts de lieue plus loin, j’aperçus son
cours obstçué par d’énormes rochers, au travers
desquels ses eaux s’échappent avec effort, en