puis on campa en face de la montagne Garga-
dah, située sur la rive orientale. La vue du fleuve
ramena le calme dans tous les esprits. Il peut
avoir ici 4 à 500 pas de largeur; dans les basses
eaux, son lit est obstrué par beaucoup de bancs
de sable; Le lendeinain 3 0 , quoique l’armée
fût prête à partir à cinq heures, on ne put se
mettre en marche qu’à sept heures et demie :
il fallait, avant tout, s’ouvrir, à travers les arbres,
un chemin tant soit peu praticable; les haches
et les autres outils nécessaires pour ce travail
étaient brisés ou perdus ; faute de moyens de
transport, on abandonnait tout, jusqu’à des
boulets. Nous eûmes à franchir le même torrent
qui nous avait arrêtés la veille, et nous n’en
sortîmes qu’à neuf heures et demie pour nous
enfoncer encore dans un bois : à midi, un nouveau
ravin nous barra le passage ; il ne fallut
pas moins de trois quarts d’heure pour arriver
de l’autre côté. Après avoir encore cheminé
péniblement dans le bois pendant une demi-
heure , nous descendîmes dans une vallée dont
le sol montueux et inégal était couvert de petits
acacias. A trois heures et demie, on gravit sur
des coteaux, dont le sol raboteux était couvert
de grands arbres dépouillés de leur feuillage,
et dont la fleur a quelque ressemblance avec
celle du lilas. La terre sèche et aride , à peine
recouverte par quelques herbes jaunissantes,
nous présentait l’aspect de l’hiver. A quatre
heures et demie, on traversa un nouveau torrent,
mais mdins large que les autres. Enfin , après
quatorze heures d’une marche fatigante à travers
des bois et des halliers qui jusqu’alors, je crois,
n’avaient été accessibles que pour les animaux
sauvages, on câmpa près du Nil : il était neuf
heures et demie. En face était une île bien boisée.
Les hommes et les animaux étant excédés de
fatigue, on passa ici la journée du lendemain.
Le l .er janvier 1822, à six heures un quart,
on se remit en marche; à sept heures, nous
passâmes un petit torrent. -On apercevait dans
le sud-est la grosse montagne du Fazoql, où
l’on nous faisait espérer d’arriver avant la fin
du jour. Le pays est toujours couvert de bois
touffus ; et çà et là croissent des tamariniers et des
palmiers doums qui diffèrent toujours par leurs
proportions gigantesques de ceux d’Egypte. A
sept heures et demie, nous passâmes près d’un
hameau composé de quelques cabanes en paille,
nommé el-Messeyl : quelques champs de dourah
étaient un indice encourageant et de bon augure,
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