nombre de monumens antiques, nommés tarâ-
byls, qui existaient sur son territoire ; et c’était
dans cette province que le célèbre d’AnviUe
avait fixé ia position de Méroé. A’bdin bey avait
déjà parié au pacha pour qu’il me laissât aller en
avant; mais cette demande avait été rejetée. Le
hasard, compagnon inséparable des voyageurs,
vint inopinément m’arracher à ma perplexité en
levant tous les obstacles.
Le 19 avril, étant chez ie pacha, la conversation
roula sur les mines d’or que nous devions
trouver. Boit politique ou n o n , il paraissait me
voir avec plaisir. Je l’amusai un moment avec une
boussole à méridien ; il me montra ensuite un
gros diamant que son père, me dit-il, lui avait
envoyé, et me demanda dans quel pays se trouvaient
les pierres précieuses de ce genre. Cette
question ranima mes espérances. Je m’appliquai
à y répondre de mon mieux; et j’insistai principalement
sur ce qu’on avait observé que les lieux
qui jusqu’à ce jour ont été connus pour recéler
le vrai diamant, étaient placés A-peu-près tous
sous le dix-huitième degré de latitude. Le prince
s’empressa de me demander à quelle latitude
nous nous trouvions. A celle-là même, lui répondis
je. Cependant, j’ajoutai que le sol que
nous avions parcouru jusqu’ici était peu analogue
à celui où se forme cette matière brûlante;
qu’il pouvait, à la vérité, changer de nature à
proportion que l’on irait en avant ; mais que pour
se livrer à des recherches fructueuses, il ne suL
lisait pas de jeter un coüp-d’oeil en passant sur le
terrain qui borde les routes ; qu il faudrait au
contraire avoir la faculté d’explorer le pays sur
différens points de Fest à l’ouest. Je conclus en
lui disant que le désir que j’avais témoigné de
faire un séjour un peu prolongé sur le territoire
de Chendy, m’avait été suggéré autant dans son
propre intérêt que dans le mien, puisqu’en allant
à la découverte des monumens antiques, il me
serait facile d’étudier la nature du sol et de reconnaître
les lieux où l’on aurait quelque espoir
de recueillir soit des diamans, soit des métaux
précieux. Je voyais le visage du pacha s’épanouir
: jusque-là il n’avait rêvé qu’or; les diamans
allaient désormais chatouiller son imagination
; je triomphais ! Mais ma joie fut courte :
le perfide médecin grec qui nous servait d’interprète
dit aujpacha quelques mots, et celui-ci
changea tout-à-coup ; la conviction l’avait évidemment
abandonné. Je me levai, et demandai en
arabe à Ismâyl ia permission d’aller jusqu’à ma