poivre, du girofle : ies vases en verre sur-tout
avaient à leurs yeux beaucoup de prix; j’eus six
poules poür une bouteille vide.
Le 8 juin, le vent devint plus favorable; nous
laissâmes derrière nous l’île et le village d’Ouâd-
Fàydeh. Le soir , la barque s’arrêta près du
viilage d’Abqeymân , situé sur la rive gauche.
J ’avais vu, ce jour-là, avec une agréable surprise
, des ibis blancs et noirs | : celui de cette
dernière espèce que je pus le mieux examiner,
me parut avoir une ressemblance frappante
avec les ibis embaumés des tombeaux de Thèbes.
On ne rencontre aujourd’hui en Egypte aucun
individu vivant de cette couleur. J ’aurai occasion
d’en parler ailleurs avec plus de détail.
Le 9 , un fort vent contraire ralentissait à
chaque instant notre marche. Jusqu’alors nous
avions trouvé des habitans honnêtes et paisibles;
ici ils se montraient sombres et peu trai-
tables. Le soir , nous attachâmes la barque devant
el-E’reybâb, village situé sur la rive droite.
En général, les lieux habités sont éloignés du
fleuve d’un dèmi-quart ou d’un quart de lieue.
Depuis Râs el-Gartoum, tout le pays est p la t,
sur-tout la presqu’île de Sennâr. Quelques aca-
* If. paraît que Bruce en avait vu aussi.
cias épars et parfois en bosquets assez touffus
bordent de loin à loin lés deux côtés du fleuve :
au-delà se développent des plaines à perte de
vue, f tp me parurent siisceptiblés d’être rendues
fertiles. On y observe, comme au désert, les
effets du mirage.
Le 10 juin , nous pûmes à peine faire quatre
liêues, contrariés que nous étions par de forts
vents du sud et du sud-est, qui semblent être
constans dans cette saison. La lenteur de cette
navigation me désespérait : sans le désir que
j’avais de reconnâitre l’embouchure du Rahad
et celle du Dender, j’aurais, à Sobah même,
pris le parti de rejoindre l’armée. Un Courrier
du pacha, que nous rencontrâmes, me rassura
pleinement sur le sort de celle-ci ; elle avançait
toujours sans éprouver la moindre résistance :
j’en conclus que la capitale n’en opposerait pas
une bien vigoureuse.
Le 1 1 , un peu favorisés par les petits contours
du fleuve, nous avançâmes plus rapidement que
les journées précédentes. Nous dépassâmes
l’embouchure du Rahad, petite rivière qui vient
du sud-est de l’Abyssinie. Elle me paraissait
bien étroite pour une rivière qui aurait déjà
grossi ses eaux de celles du Dender; car c’est