naise. Les chefs et A’bdin bey lui-même étaient
toujours par-tout r encourageant à la marche les
soldats et les Arabes. Cependant on murmurait;
le désordre commençait à naître : mais ces marches
nocturnes, qui fatiguaient tant.ïes hommes,
produisaient un effet contraire sur les animaux ;
la petite provision d’eau et de nourriture qu’on
avait-pu charger pour ceux-ci, exigeait qu’on
avançât avec célérité. Quoi qu’il en fût, le sommeil
que j’avais invoqué si vainement avant le
départ, était venu m’assaillir et m’accabler de
ses fayeurs intempestives. Enfin, j’allais tomber
en bas dé mon dromadaire, lorsque je fus averti
que l’armée faisait halte. Iï était minuit. La prudence
n’avait pas permis de s’engager, au milieu
de l’obscurité, dans un passage difficile qu’il
fallait franchir ; on avait décidé de s’arrêter deux
heures pour attendre le lever de la lune. On fit
coucher les chameaux sans les décharger. Quant
à moi, je fis coucher aussi le mien, passai sa
bride autour de mon bras , et m’étendis par
te rre , bien résolu de mettre à profit le court
intervalle de temps qui me restait pour dormir;
et cette fois je ne fus pas trompé dans mon attente.
Je dormais dans toute l’énergie du terme,
lorsque le maudit petit tambour ayant donné le
signal, mon dromadaire, plus alerte que moi, se
leva vivément, et je me trouvai moi-même machinalement
sur mes pieds. II était deux heures :
on se remit en marche. La lune se montrait à
l’extrémité de l’horizon; sa lueur faible encore
pouvait à peine éclairer nos pas sur un sol inégal
et raboteux : sur quelques points de la vallée,
on apercevait encore des doums et des acacias ;
sur d’autres, le désert se montrait à n u , toujours
s’abaissant vers le sud et conservant son élévation
au nord et à l’est.
Le 27, au jour, nous nous aperçûmes, à
notre grand regret , que des larrons avaient profité
de notre sommeil pour nous dérober une
partie de nos provisions de bouche. A onze
heures, la vallée, plus étroite, était tapissée de
doums et d’acacias : la vue de cette belle végétation
fit naître l’alégresse dans toute l’armée,
car elle anonçait la proximité du Nil. Des
rochers disséminés décelaient encore la continuité
du même sol primitif : sa surface était
couverte de nombreux fragmens de schiste micacé
dur, de quartz hyalin amorfe, contenant
des lames de mica. Cette dernière substance :se
laissait voir ici avec une telle profusion, que
les mineurs turcs commencèrent à douter que