d’aucune espèce. Le pacha voulut former un
hôpital ; mais les règles d’ordre et de police que
comporte un pareil établissement, répugnaient
au Caractère des Turcs, et cetra mesure ne put
réussir : chaque malade préférait de rester chez
lui, où il manquait de soins et de- secours ; et,
par la communication, la maladie se propageait.
Les chevaux, lés chameaux , mouraient de
toute part dans la ville et les environs; la police
n’était point assez active pour faire enlever
ou enfouir ces nombreux cadavres , dont les
exhalaisons putrides infectaient l’air. Tous ces
motifs contribuaient à augmenter ' le nombre
et l’intensité des maladies. Sans doute le pacha
avait manqué de prévoyance ëii ne prenant pas
des mesures afin de recévoir à temps dès vète-
mens et de l’argent pour ses soldats : possesseurs
d’un léger pécule, ils se seraient procuré Quelques
aisances et un bien-être salutaire ; enfin,
sur onze mois de solde qui leur étaient dus, on
venait de leur en payer trois. Le pacha; ,il est
vrai, avait un assez grand intérêt à retarder le
plus possible le paiement de ses troupes ; car
il se trouvait quitte envers tous ceux qui venaient
à mourir. Plusieurs de ces soldats s’adonnaient
à divers métiers, tels que ceux de
cordonniers , de tailleurs , de tisserands ; un
grand nombre achetaient et revendaient sur les
marchés, des moutons, du riz, du suCre, du
pain, et autres denrées. Il n’y avait pas moins,
parmi ces hommes, beaucoup de malheureux,
et, par cette raison, beaucoup de mécontens.
Mohammed-Àly, en dirigeant une expédition
sur le Sennâr, avait encore conçu le projet de
faire la conquête du Kourdofan; projet qu’il
avait mis à exécution : des lettres nous apprirent
que son gendre Mohammed bey était entré
victorieux dans cette province. Il était parti
d’Egypte avec quatre mille hommes d’infanterie
et de cavalerie , parmi lesquels' on comptait
mille Arabes bédouins et mohgrebins, avec
1 o pièces de 4. Ces troupes quittèrent le Nil
à Edab, dans le Dongolah, et prirent par le
désert dans le sud : elles y furent, durant sept
jours, privées d’eau; et après avoir souffert
toute sorte de privations, il fallut se battre en
arrivant. Les naturels, armés de lances, et un
grand nombre ayant des fusils, se battirent avec
un courage et un acharnement sans égal ; ils se
précipitaient sur les canons mêmes, et blessèrent
plusieurs canonniers sur leurs pièces. Les
Arabes de l’armée égyptienne se conduisirent