plusieurs barques d’Égypte, qui venaient de
• Marakah : les Chaykyés les contemplaient avec
admiration; jamais, jusqu’à la dernière invasion
de leur territoire, ils n’avaient vu de barques
naviguer à la voile.
Le 7 , à sept heures, nous reprîmes notre
route le long des terres cultivées : le Nii court
toujours dans le nord-est depuis Karafât. A
notre gauche, des monticules de grès nous masquaient
la vue d’une plaine déserte plus élevée.
Le pays présentait encore l’image de la fertilité ;
le vaste rideau d’acacias qui borde le fleuve
continùait à se déployer. Nous ne remarquions
plus que de loin à loin quelques dattiers ; aucun
sycomore ne s’offrit à nos regards. Parmi les
acacias qui végètent ici en abondance, nous distinguâmes
trois espèces ; deux sont très-communes
en Egypte et dans la basse Nubie ; la
troisième, d’une taille beaucoup plus considérable,
étale ses branches comme le sycomore,
et produit des fleurs blanches et odoriférantes.
Nous avions passé à Hagueyr, a Kâfouteh ; à
neuf heures nous étions à el-Magât ou Magach,
village composé de quelques chaumières. Au
milieu des acacias qui croissent sur la rive du
fleuve, nous vîmes une colonne sur pied, que
je reconnus pour être l’ouvrage des Grecs ; sept
autres colonnes pareilles avaient été brisées, et
il n’en ¡subsistait plus que des fragmens ; je distinguai
les places où efles avaient été assises.
Ces colonnes étaient en granit gris mélangé de
rose. Elles avaient quatre mètres quatre-vingts
centimètres [ 15 pieds à-peu-près ] de hauteur,
y compris le chapiteau et ia base, sur deux
mètres neuf centimètres [ 6 pieds environ ] de
circonférence. Les chapiteaux , ornés de quatre
feuilles de lotus, portent, sur deux faces, fa
croix grecque, et sur les deux autres une étoile.
Le style en est mauvais ; et au total ces ruines
sont d’une faible importance ; il est présumable
qu’elles sont celles d’une petite église chrétienne.
A un quart d’heure dans le nord-est d’el-Ma-
gât, le désert s’approche du fleuve jusqu’à cinquante
pas; on y distingue, sur quelques rochers
élevés, des restes de murailles de tours rondes
et d’habitations, qui furent probablement aussi
l’ouvrage des anciens chrétiens. A onze heures,
nous entrâmes à Hannek, petite ville des Chay-
kyés, maintenant abandonnée. Les maisons sont
éparses et occupent une étendue de près d’un
quart de lieue sur la limite du désert : la plupart