bonheur néanmoins d’y trouver ie cheykh Kalif
de Darau, qui nous fit donner un gîte. Dans la
nuit, plusieurs coups de fusil annoncèrent que
l’armée était en marche : elle vint camper en
effet à une lieue au-dessus de Chendy, près
du village d’el-Matammah, chef-lieu de la province
d’el-Mecâa’d , situé à l’occident du fleuve
entre le pays de Dja’l et d’Halfây.
Le 1 0 , je traversai le flèuve pouf aller voir
le pacha ? je ïe trouvai très-occupé ; il me dit
que l’armée partait sous deux jours. II me conseilla
de quitter Chendy sans retard, pour me
joindre à l’armée, attendu qu’il serait très-imprudent,
en ce moment-ci, de m’en écarter. Cet avis
était trop sage pour qu’il me vînt Fenvie de ne
pas m’y conformer : je remis donc à une autre
époque mes excursions aux ruines d’el-Meçaou-
rât, de Djébël-Ardân et de Naga, sur lesquelles
j’avais obtenu déjà quelques indications.
Le 1 1 mai, je retournai à Chendy; et dans
l’après-midi du 1 2 , nous en partîmes avec tous
nos bagages : nous fîmes passer nos chameaux
à la nage, en les soutenant près de la barque
avec des cordes; à sept, heures du soir, nous
étions rendus au càmp. Ici le Nil fait un petit,
coude, .et court est et ouest.
Dans la matinée du 14 , on reçut la nouvelle
que quatre soldats de l’armée venaient d être
assassinés dans un village à deux lieues plus
bas : un de ces soldats, couvert de blessures
mortelles, avait été apporté chez le médecin en
chef. Aussitôt toutes les troupes voulaient aller
fondre sur le village. Le pacha ordonna que
quatre cents hommes de cavalerie iraient tirer
vengeance de cet attentat. Une occasion de
pillage était une excellente aubaine après laquelle
tous soupiraient depuis long-temps : les
exécuteurs de cet ordre rigoureux se portèrent
avec une ardeur et une rapidité incroyables sur
le lieu où le crime avait été commis; en moins
de deux heures, quatre-vingts habitans périrent
sous les coups de ces furieux, et le village fut
détruit de fond en cpmble. Le mëlik Nimir accourut
près du prince, pour le supplier de faire
cesser le pillage que les Mohgrebins continuaient
d’exercer dans les villages voisins : le pacha
s’empressa d’envoyer vers eux le sélictar; mais
celui-ci ne put contenir leur rage ; on fut obligé
d’envoyer un autre détachement pour ramener
ïe premier à la raison. Le prince fit reprendre
aux pillards tout ce qu’il fut possible de retrouver
des effets enlevés aux habitans des villages que