autres des environs. Nous avions à notre vue ,
dans l’est, la longue chaîne de montagnes de
Fâkoumkom et de Fâdoqah. A neuf heures
trois quarts,, un petit" torrent vint embarrasser
notre route, qui passait sur des coteaux couverts
de bois et d’une espèce de bambous ou de roseaux
qui avaient jusqu’à 10 et 12 mètres de
hauteur. A onze heures un quart, l’armée traversa
de nouveau le Tournât : son lit, resserré
entre des montagnes remarquables par leur
belle végétation , n’avait que soixante pas de
large, et l’eau y avait un cours très rapide.
L’aspect de ce site me rappela l’entrée du lac
de Côme. Nous longeâmes la rive droite, et
bientôt nous fûmes sur le territoire de Qamâmyï.
On se dirigeait dans le sud, après s’être enfoncé
de nouveau dans les bois. Parvenus à une certaine
élévation, nous découvrions à l’ouest la
longue chaîne de montagnes d’Obeh. De demi-
heure en demi-heure, la route était coupée par
des torrens qui tous allaient aboutir au Tournât,
et qu’on ne franchissait point sans des peines
infinies ; quelque mauvais que fussent les chemins
que nous avions parcourus jusque là, il ne s’en
était point encore rencontré d’aussi détestables :
sans cesse il fallait monter et descendre sur des
coteaux et des monticules couverts d’arbres : le
passage des ravins sur-tout était funeste pour
les chameaux ; on ne voyait sur la route qu’animaux
et bagages laissés à l’abandon. Le pacha
lui-même n’avait plus un seul bon cheval ;
celui qu’il montait s’abattit plusieurs fois dans
la journée : nous fûmes contraints de laisser
là un chameau , une partie de sa charge et la
mule de M. Letorzec, qui monta, faute de
mieux, sur le dromadaire qui portait mes papiers
et mes dessins ; mais ce pauvre animal,
épuisé lui-même de fatigues, se coucha ; en
vain nous employâmes tous les moyens pour
le faire relever , nous ne pouvions y réussir.
L’endroit du bois où nous nous trouvions, était
couvert d’arbustes en partie morts et d’herbes
sèches : par suite d’une de ces imprudences si
familières à nos compagnons de voyage, le feu
prit à peu de distance de nous. Bientôt l’embrasement
est près de nous atteindre : jé me résous
à perdre le dromadaire ; mais je veux sauver sa
charge; elle renferme tous mes papiers. Quel
parti prendre? nous n’avons rien sous la main
pour couper les cordes et les courroies qui la
retiennent ; dans le trouble qui nous presse, nous
faisons des efforts inutiles pour les délier : c’en
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