
 
		fond sur leurs promesses ; mais, impatient de voir  
 si la recherche  des mines  d’or  serait  plus  fructueuse  
 que  la chasse  aux nègres,  il adhéra à  ce  
 qu on lui proposait.  En  conséquence,  après une  
 demi-heure de repos, l’armée se remit en marche.  
 A dix heures nous entrâmes dans un bois de petits  
 arbres,  où  il fallut  franchir un  petit  torrent;  le  
 sol élevé dans 1 ouest devenait inégal et montueux.  
 Au  sud  et  â  Iouest,  la vue  était  bornée  par  de  
 hautes  montagnes.  A  midi  nous  passâmes  un  
 torrent  qui  vient  des montagnes  du  sud-ouest;  
 un  autre plus petit était  près  de  celui-ci.  A  une  
 heure  et demie,  on traversa de nouveau le Tournât. 
  Sa largeur ici  est encore de deux cents pas;  
 ses bords, peu élevés, sont couverts de végétaux  
 herbacés. Nous avions en  face la  grosse montagne  
 de Fâbaô, au pied de laquelle nous passâmes ;  
 elle est  à un quart  d’heure du Tournât :  comme  
 les pi ecedentes, ses flancs sont couverts d’arbres,  
 et 1 on  y voit beaucoup d’habitations  de nègres.  
 Le  pacha  ne  s’y  arrêta  point.  On  continua  à  
 marcher dans  lest de cette montagne,  à travers  
 quelques champs de dourah à tiges grêles et peu  
 productives.  On  entra ensuite  dans un  bois  de  
 petits arbres, parmi lesquels je remarquai l’acacia  
 dont  jai  déjà  parlé;,  et  qui  porte  ses  longues 
 épines fixées  sur des espèces  de galles  .  A trois  
 heures,  nous  passâmes  un  petit  torrent.  Une  
 chaîne  de montagnes  se montrait  à l’ouest.  On  
 traversa ensuite quelques champs de dourah : les  
 tiges  de  cette plante  offraient  ici  un  contraste  
 parfait avec  celles que  j’avais  remarquées  auparavant; 
   elles  étaient les  plus  hautes que j’eusse  
 jamais vues ; quelques-unes s’élevaient à 5 mètres  
 25  centimètres  [17- pieds].  Nous  continuâmes  
 ensuite à parcourir des  bois où l’inégalité  du sol  
 rendait  la marche  extrêmement pénible  :  un  de  
 mes  chameaux  y  succomba,  et  je tremblai  que  
 le  mulet  de  M.  Letorzec  n’eût  le  même  sort.  
 Enfin,  après  avoir  descendu  beaucoup  dans  le  
 sud,  nous retrouvâmes  le  Tournât,  sur  la  rive  
 gauche duquel  on  campa à cinq  heures du  soir.  
 Le  lit  de  cette  rivière  avait toujours à-peu-près  
 la même étendue ;  de hauts bancs de sable l’obstruaient; 
  mais l’eau,  quoique  ce  fût l’époque où  
 elle est basse,  y coulait encore sur les deux tiers  
 de  sa largeur. 
 Nous  avions  marché  neuf heures  et  demie.  
 Les troupes, harassées, avaient un besoin indispensable  
 de  prendre quelque repos.  On conçoit 
 * Je regrette beaucoup d’avoir perdu sur le Nil les branches que  
 j’en  avais  conservées.