observations astronomiques , au moyen desquelles
nous conclûmes la hauteur de la vallée
d’Argou à 18° 44' 5" de latitude nord. Les
troupes, rassurées à la vue des canons, ne demandaient
plus qu’à se mesurèr avec l’ennemi
qui s’avancait; tous se faisaient une fête de tuer,
couper des oreilles, piller, brûler, violer, comme
ils l’avaient fait chez les Chaykyés. A quatre
heures du soir, on se mit en marche. Le pays où
l’on entrait estmauvre : des doums et des acacias
y sont épars. Les deux rives du Nil sont sans
culture ; le désert y arrive en plaines étendues :
le chemin revient près du N il, après s’en être
écarté un moment. Le 3 , à trois heures du
matin , on fit reposer les chameaux pendant
deux heures. Le jour vint nous faire découvrir
la province de Barbar : nous y entrâmes à six
heures. L^spect de cette contrée est plus satisfaisant
que celui des landes stériles que nous
venions de parcourir. Au sud d’un petit village,
on voit plusieurs îles où la végétation n’est pas
sans vigueur : ici encore des rochers obstruent
la route, envahissent le lit du fleuve et y forment
une cataracte. Ils sont de nature amphi-
bolique et feld-spathique. Cette traînée de rochers
noirâtres, qui horizontalement traverse le
fleuve, et semble placée là pour lui opposer une
barrière, s’élevait à 7 ou 8 mètres au-dessus des
basses eaux. II reste sur la partie orientale une
issue étroite, par laquelle deux barques seulement
pourraient passer de front. L armée campa
à sept heures un quart à el-Bète el-Faket-Isak,
au milieu des doums et des herbages. Nous
avions marché treize heures.
Un second courrier vint démentir la nouvelle
qu’avait apportée le premier : Divan
Effendy écrivait que tout était tranquille dans
la province de Barbar. Je sus depuis que cette
nouvelle alarmante n’avait été qu’une ruse d’Is-
mâyï, pour encourager ses troupes par l’espoir
de se battre bientôt. Nous passâmes ici la journée
et une partie de la nuit. Le 4 , l’armée
partit à une heure du matin, et cotoya le Nil à
un quart de lieue environ : des feux allumés de
distance en distance traçaient la route, et nous
servaient à déterminer sur la boussole les directions
qu’elle suivait. Beaucoup de chameaux,
succombant à la fatigue, s’abattaient ; l’ordre
était donné de les égorger pour en manger la
viande. L’un des miens, couché par terre, ne
pouvait plus se relever : il portait du dourah.,
et j’étais résigné à faire le sacrifice de sa charge,