de temps immémorial, attiré l’attention de
tout le monde savant; que les guerriers les plus
célèbres avaient toujours tenu à honneur d’agrandir
, autant qu il était en eux, le champ
des connaissances humaines. Enfin, j’allais multiplier
les raisonnemens que je jugeais propres
à l’électriser, lorsqu’il me laissa entrevoir qu’il
s était pénétré d’avance des sentimens que je
cherchais à faire naître en lui. II me fit connaître
qu il goûtait tout ce que je lui avais d it,
et qu’il n’était pas sans y avoir réfléchi sérieusement;
qu il se proposait d’en conférer plus
tard avec moi. Je le quittai, plein de l’espoir
que I objet de notre entretien ne serait pas perdu
de vue.
On venait de retirer du fleuve Bleu quatre
pièces de canon, de quatre et de six, de fabrique
portugaise et turque, que les naturels y
avaient cachées ; trois autres semblables étaient
aux environs de Sennâr : ces sept bouches à
feu avaient été amenées paries mamlouks, lors
de leur fuite d’Égypte, et achetées par les ancêtres
de Bâdy
Depuis plusieurs années, divers partis rivaux
se disputaient, dans le Sennâr, l’autorité sou-
Ancien roi du Sennâr. On dit aussi Bâdeh.
veraine : ces dissensions civiles avaient déjà
fait couler beaucoup de sang et semé le trouble
dans le royaume. Bâdy, fils de TabI, était appelé
par sa naissance à occuper le trône : mais
il manquait de résolution et sa capacité était
médiocre; ses partisans, peu nombreux d’ailleurs,
ne purent protéger ses droits contre les
attaques de Mohammed-A’dlân et de Hassan-
Regeb. Ces deux usurpateurs, ennemis l’un de
l’autre, s’étaient emparés des revenus de l’état,
et n’accordaient au roi légitime que la faible part
qu’il leur avait plu de lui assigner. A’dlân tenait
sa cour au village de Moûna, où il tentait de
se former une petite province : il avait le don
de se faire aimer, et son parti était plus fort
que celui de Regeb. Au mois d’avril, le bruit
des brillans succès d’Ismâyl sur les Chaykyés
et de l’approche de son armée, vint jeter l’alarme
dans le Sennâr. A’dlân et Regeb sentirent
alors que leur intérêt commun exigeait qu’ils
réunissent leurs forces pour repousser un ennemi
également redoutable pour tous deux. Ils
formèrent donc une alliance momentanée, et
prirent l’engagement réciproque d’agir de concert
contre le pacha, tant que le danger subsisterait;
après quoi les choses demeureraient