porté par deux chameaux. Son costume, d’une
élégante simplicité, consistait en deux larges
chemises ou robes très-fines ; celle de dessous
était blanche , et celle de dessus d’une riche
étoffe de l’Inde, chinée : une espèce de manteau
royal lui couvrait les épaules ; il était coiffé d’un
bonnet piqué, d’une étoffe semblable à celle
de sa robe, et qui formait deux pointes relevées
au-dessus dés épaules. Sa garde était composée
de cinquante hommes armés de lances, de boucliers
et de sabres , dont quelques-uns étaient
garnis en argent ; devant lui marchaient deux
hommes avec des lances, e t deüx autres portant
de longues cannes à grosses pommes d’argent.
Après s’être prosterné plusieurs fois avec humilité
et d’un air triste, le malheureux roi, sur
l’invitation qu’il en reçut, s’assit à terre sur un
tapis en face d’Ismâyl. II prit la main de celui-ci,
la baisa dessus et dessous, et se la porta à la
tête en signe de soumission. Le pacha lui donna
à entendre que sa visite était un peu tardive ;
Nimir lui répondit humblement qu’il était son
serviteur. On ne lui présenta ni pipe, ni café.
Au bout de dix minutes d’entretieii, ou plutôt
de silence, il sortit : le trouble de son ame était
empreint sur sa figure. Certes, il en coûte de
faire l’abandon de ses états, et de le faire d une
manière si humiliante : je fus néanmoins surpris
du peu d’égards qu’on lui avait témoigné. II se
rendit chez le kazanader : là il reçut la pipe et
le café. Après être demeuré long-temps rêveur,
il fit conduire en présent au pacha deux superbes
chevaux abyssins. Le lendemain, le pacha
parut lui porter plus d’attention ; il lui envoya
un cheval richement harnaché, un vêtement pour
lui, une tente verte, et chaque jour ensuite il
lui faisait porter des plats de sa table.
Les eheykhs des Arabes Kabâbychs, Has-
sânyehs, Bichâryyns , étaient bien venus se
soumettre , mais une fois rentrés dans leurs
déserts, ils avaient sans doute oublié qu’ils
devaient payer un tribut en chameaux, car ce
tribut n’arrivait point. Le pacha envoya trois
cents cavaliers bédouins chez les Arabes Has-
sânyehs : cette troupe ayant pénétré dans le
désert à la hauteur de Nouri, province de
Chaykyé, arriva deux jours après à l’entrée de
la vallée où habitent ces Arabes. Pris ainsi à
l’improviste, ceux-ci abandonnèrent tentes, bestiaux
, chameaux, et se sauvèrent sur les montagnes,
d’où ils cherchèrent à se défendre en
lançant des pierres ; mais, convaincus de l’inuti