ces négociateurs lui furent présentés. II leur dit
qu’il ne dépendait que d’eux, pour quelques esclaves
qu’il leur demandait, de conserver leurs
villages, leurs récoltes, leurs femmes et leurs en-
fans , qui chaque jour tombaient en son pouvoir ;
qu’il ne voyait lui-même qu’avec douleur les
maux affreux auxquels les exposait leur résistance
; que si la proposition qu’ils venaient lui
faire était réellement exempte de mauvaise foi,
leurs compatriotes n’avaient qu’à se rendre tous
le lendemain, au lever du soleil, près de son camp,
et qu’if conclurait avec eux un arrangement définitif.
Ces bonnes gens ne furent pas assez dupes
pour donner dans ïe piège ; et bien leur en prit ; car
I’arrière-pensée du pachaétait de faire main-basse
sur eux et de les prendre tous d’un coup de fdet.
Le 15, ne voyant paraître personne, comme
ii s’en doutait bien, le pacha se dirigea, avec
huit cents hommes et une pièce de canon, vers
les hauteurs d’Aqarô. Je me laissai encore tenter
cette fois-ci, et je faccompagnai. La troupe se
dispersa sur la montagne dans le but de bloquer
le village, et elle y parvint sans peine et sans résistance;
il était désert. En un instant, la flamme
dévora jusqu’à la plus petite habitation ; cinq
cents cabanes furent réduites en cendres; des
vieillards des deux sexes, que l’âge ou les infirmités
avaient empêchés de fuir, demeurèrent engloutis
sous leurs toits embrasés ; d’autres furent
conduits au pacha, qui, ne sachant qu’en faire,
les laissa libres de contempler l’horrible spectacle
qu’un peuple plus policé qu’eux était venu Jeur
donner. Ce côté de la montagne est moins boisé
que l’autre; quelques baobabs, des tamariniers
et autres arbres y sont épars, ainsi que dans la
vallée. Le soir nous revînmes au camp. Le pacha
paraissait être d’une humeur détestable ; aussi le
laissai-je dîner seul.
Le 16, à six heures trois quarts , l’armée traversa
le Tournât, et se dirigea au sud-ouest vers
les deux montagnes de Khachinkarô : à huit heures
trois quarts, on était sur des champs*de dourah
qui en dépendaient; une heure après, nous nous
arrêtâmes en face de ces montagnes. Elles sont des
plus grosses et suivent une direction est et ouest;
elles sont bien boisées et de même formation que
la précédente. Plusieurs groupes de cabanes en
couronnaient les cimes. Une députation de nègres
vint au-devant d’Ismâyl. Elle lui dit que s’il voulait
continuer sa route sans leur faire aucun mal,,
ils se trouveraient ën mesure, à son retour, de
lui payer un tribut. Le pacha ne faisait pas grand