avec valeur; ils perdirent quelques-unes de leurs
femmes dans le combat. Mohammed bey, à la
tête de la cavalerie , affrontait bravement le
danger, et montrait l’exemple à ses soIdats./Long-
temps la victoire demeura indécise ; mais un
chef bédouin, de la tribu Djémehât, ayant tué
Salem, chef de l’armée du Kourdofan, celle-ci
se mit en déroute, et les Turcs restèrent maîtres
du champ de bataille et du pays : ils n’avaient
perdu que trois cents hommes; leurs adversaires
en avaient eu deux mille hors de combat. Près
de la moitié de la population du Kourdofan
s’était enfuie dans le Darfour, où Mohammed-
Aly aurait bientôt porté ses conquêtes, si les
Grecs , peu de temps après ,, n’eussent appelé
contre éux ses armes dans l’Archipel.
Le 16 octobre , la maladie augmentait toujours
au Sennâr; Ismâyl ne comptait plus que
cinq cents hommes en état de faire le service:
le nombre des morts allait au moins à quinze
cents. On murmurait hautement parmi les
troupes; pour les encourager, on leur disait
que plusieurs barques chargées de grains ne
tarderaient pas à venir de Chendy. Assurance
trompeuse ! II n’y avait pas plus de grains â
Chendy qu’à Sennâr. On s’aperçut tout-à-Coup
d’un accroissement considérable de population
dans la ville et son territoire; on évaluait à
deux mille les personnes rentrées depuis trois
jours. On ne pouvait cacher la mortalité qui
moissonnait l’armée, ni le nombre des malades.
La certitude que cet état déplorable n’échappait
point aux regards des indigènes, inspirait
les craintes les plus vives et les mieux fondées.
Des malveillans faisaient circuler à dessein de
fausses nouvelles : Mohammed bey, disait-on,
avait été battu et obligé de fuir du Kourdofan;
Ibrahym n’avait fait que paraître dans le
Dongolah, et avait repris la route de l’Egypte.
Un air de triomphe et de bravade rayonnait
sur la figure de tous les habitans ; à chaque
victime de leur climat meurtrier qu’ils Voyaient
mettre sous terre, ils disaient que la providence
prenait soin de les venger. Enfin, tout faisait
redouter une insurrection. Notre perte à tous
était inévitable, si elle eût éclaté. Heureusement
l’annonce qu’Ibrahym pacha était à Chendy et
qu’il ne tarderait pas à arriver, fit renaître parmi
nous la tranquillité, et contraignit nos hôtes
d’ajourner à une époque plus reculée l’exécution
de leurs sinistres projets.
Je fus agréablement surpris de voir arriver