armes; le soin qui! avait de ne frapper d’autres
contributions que celles qui étaient indispensables
pour la subsistance de ses troupes; toutes
ces considérations avaient fait croire à ces peuples
que l’armée turque ne tarderait point à rétrograder,
si eiïe ne périssait pas entièrement
dans ie Sennâr. C’était aussi l’opinion du mélik,
et je me gardai bien de le dissuader. Enfin, nous
nous embarquâmes ensemble dans la cange du
pacha, qu’il trouva très-commode, et qui fixa
singulièrement son attention. C’était, me dit-il,
la première barque qu’il voyait marcher à la voile.
Dans la matinée, j’étais revenu sous ma tente.
Halfây, chef-lieu de la province à laquelle ii
donne son nom, est par 15° 44' 20" de latitude
nord, et par 30° 22' 15 " de longitude est. Ii est
situé à un quart de lieue à i’est du Nii *, sur une
vaste plaine, cultivée seulement dans la partie
qui avoisine ce fleuve. Sa population actuelle
peut être évaluée à trois ou quatre mille ames ;
elle était de huit à neuf milie avant les invasions
des Chaykyés. Les maisons, par groupes épars,
sont entourées de grands enclos; ce qui fait
qu’au total la ville occupe un emplacement qui
* Les observations ont e'te' faites sur l’autre côte' du Nil, en face
d’Halfây.
n’a pas moins d’une lieue et demie de circonférence,
Elle n’est.coupée par aucune rue régulière.
Les habitations, construites en argile ,
sont basses ; deux ou trois seulement sont élevées
d’un étage; ce sont celles des notables du lieu :
elles sont surmontées de terrasses construites
aussi en argile ; des gouttières en troncs de dattier
creusés servent à l’écoulement des eaux
pluviales. Les portes roulent sur des pivots , à
l’instar de celles des anciens. Halfây était gouverné
par 1e mélik Lodaguib : le pays, autrefois
tributaire du Sennâr, s’était rendu indépendant
depuis cinquante ans environ. Dès ce moment,
il fut en butte aux vexations des Chaykyés. Dans
toute l’étendue de cette province, la rive gauche
du fleuve est pauvre, le désert s’en approchant
de très-près en beaucoup d’en droits; il n’y pousse
que quelques plantes herbacées et des bouquets
d’acacias. Le territoire à droite , plus riche en
productions agricoles, était sans cesse infesté
par les troupes de Chaouss ; qui venaient y vivre
à discrétion durant deux et trois ans : elles ne
s’éloignaient que pour aller dans le désert détrousser
les caravanes , puis reparaissaient
comme des insectes rongeurs.
Le dourah est la principale richesse du pays :
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