qui nous primes gîte pour ia nuit , nous fit servir
à souper des poules bouillies, avec des pâtes
fines de dourah, et du lait excellent. Le lendemain
matin, je lui offris, en récompence de son
Hospitalité, une piastre d’Espagne, qu’il reçut en
me témoignant sa surprise ; car , disait-il, les
soldats n’ont pas coutume de payer.
II restait encore à m’assurer de l’existence de
cette statue en pierre dont on m’avait tant parlé.
Je me doutais bien que l’homme au long bonnet
était aussi une chimère , enfantée par l’imagination
des bonnes gens du Sennâr : cependant je
partis pour le mont Saqâdi. Après six heures de
marche dans 1 ouest et le nord-ouest, on me montra
de loin le prétendu, colosse, qui, comme je
l’avais prévu, n’était qu’un jeu de la nature. Cette
montagne, plus petite que celle de D jébel-Mouyl,
se divise en trois.pitons : elle est aussi de formation
primitive : la plaine qui la sépare de Djébel-
Mouyl est parsemée de gros mamelons isolés,
dont la base consiste en schistes micacés et
en schistes feuilletes' argileux : la plupart de
ces éminences sont arides et dépourvues de
végétation.
Suivant les „informations que j’avais! prises à
Mouyl, ce village 11 était qu’à deux journées de
distance du fleuve Blanc : mais les habitans m’avaient
dit qu’ils n’osaient pas eux-mêmes se hasarder
à faire ce voyage, et qu’ils ne me conseillaient
pas de l’entreprendre avec si peu de monde. Je
dus donc, quoique à regret, y renoncer pour le
moment, et revenir sur mes pas. Nous passâmes
la nuit dans le grand village d’Ammatôt, où le
cheykh Mahammed nous accueillit avec des procédés
vraiment dignes,d’éloge : poules, pigeons,
pâte de dourah, lait excellent, tout ce que sa
maison put fournir de meilleur fut mis avec empressement
à notre disposition. Durant ce petit
voyage, je vis beaucoup d’ibis: ces oiseaux se
perchent et souvent font leur nid sur l’extrémité
conique de certaines maisons. Le lendemain 7,
nous étions dans la matinée à Sennâr.
Le 13 , Haggi-Hammed arriva avec beaucoup
d’esclaves, femmes et jeunes filles sur-tout ; la
plupart des hommes s’étaient échappés : il
amenait aussi des chameaux, ,des boeufs, des
moutons pour les besoins de l’armée. Cette expédition,
après sept jours de marche dans le
sud-ouest, était arrivée à la montagne de Kokour,
dans le pays de Bertât, d’où l’on découvre le
fleuve Blanc, à quelque distance. Les nègres
qui y habitent firent résistance ; mais Haggi