nouvelles. Quand je iui parlais du voile épais
qui couvre encore Tombouktou, le Niger, le
fleuve Blanc, Bournou, et tant d’autres contrées
de l’Afrique, je le voyais s animer. Enfin,
il fit retirer ses officiers, et demanda des cartes
géographiques : je ne fus pas peu surpris de le
voir bien pourvu d’une collection des meilleures
sur cette partie du globe. Alors il me confia son
plan de campagne : la route que nous suivîmes
du doigt sur cette carte fut du moins un beau
songe pour moi. L’armée, divisée en deux corps,
dont un Commandé par Ismâyl , et l’autre par
Ibrahym, partait de Sennâr; Ismâyl suivait le
fleuve Blanc jusqu’au Fâzoïq ; Ibràhym, se dirigeant
dans le sud-ouest, atteignait sur le fleuve
Blanc la province de Dinka. Le premier rentrait
dans l’ouest pour visiter les prétendues mines
d’or de Qamâmyl ; il «continuait à suivre cette
route | ou des pluies abondantes remplissent un
grand nombre de puits et de citernés naturelles.
Toute cette région est formée de montagnes
habitées par des nègres idolâtres. Ibrahym devait
alors se rapprocher de son frère, et la jonction
des deux armées'avait lieu ; on revenait dans
le nord en suivant une ligne parallèle aux deux
fleuves. Dans ce trajet, jusqu’au Sennâr, on
devait ramasser le plus d’esclaves qu’on pourrait,
et Ibrahym ne comptait pas sur moins de
trente à quarante mille. Alors je me réunissais
à Ibrahym. Ici commençait son plan colossal.
Nous explorions le fleuve Blanc sur des barques
bien armées et de petits canots en grand nombre, ,
qui auraient pu se transporter facilement au cas
où des cataractes auraient entravé la navigation.
Cette flottille remontait le fleuve et ses principales
branches jusqu’aux sources. Si, contre
notre attente, la communication avait lieu avec le
Niger, la flottille suivait ce fleuve; autrement
elle rétrogradait. Dans cette dernière supposition,
l’armée allait prendre des troupes fraîches
dans le Rourdofan ; de là , l’ambitieux Ibrahym
se dirigeait sur le Darfour, sur Bournou , et
revenait en Egypte par Tripoli. Le vengeur de
la Mecque, le vainqueur des Wahabys, voyageait
ici fort à son aise , et semblait ne rien redouter
: il comptait sur sa force et son énergie ;
mais son projet s’évanouit bientôt. Lorsque je
quittai ce prince, il me renouvela les offres les *
plus loyales et les plus généreuses.
M. Ricci, Italien , était arrivé avec Ibrahym
pacha. II s’était chargé de dessiner des sculptures
dé monUmens antiques pour M. Binks, voy a