C H A P IT R E XXXffl.
Entrevue avec Ismâyl pacha. — Royauté du Sennâr; discorde
entre les usurpateurs.— Assassinat d’A’dlân.— Soumission du
roi Bâdy. — Entrée de farinée dans Sennâr— Expédition de
Haggi-Hammed. — Captifs.— Expédition contre les meurtriers
d’A’dlân. — Leur arrestation ; leur supplice. — Exécution. —
Ramadân.—Djébel-Mouyï.—Retour d’Haggi-Hammed.—Tissus
de verroterie, semblables à ceux des anciens.
La ville de Sennâr me parut bien inférieure
à l’idée que je m’en étais faite. L’armée, campée
hors de ïa ville, y était arrivée depuis te 12. J ’y
trouvai M. Letorzec et ma suite, tpus bien portons,
et qui, de leur côté, avaient fait un heureux
voyage : sur douze jours, iis avaient été
à-peu-près soixante-douze heures en marche.
J ’allai voir le pacha, que je trouvai satisfait
et glorieux de la rapidité de ses succès; il devait
cependant en attribuer ta meilleure part aux
circonstances; sans les divisions intestines qui
déchiraient ce malheureux royaume, il n’eût pas
trouvé tant de facilité à s’en emparer. Quoi
qu’il en soit, comme i’ambition a coutume de
croître à mesure qu’elte est satisfaite, Ismâyï
n’était pas homme à faire mentir cet adage. II
s’empressa de me parler du Fazoqt, et des riches
mines d’or que ce pays recèle. Déjà son imagination
te rendait maître d’immenses quantités
de ce métal qu’il ferait arracher aux entrailles
de la terre. II ne se doutait peut-être pas qu’il
avait dès ce moment en sa possession une mine
inépuisable; qu’il ne tenait qu’à lui de voir éclore
des richesses sur les vastes et fertiles contrées
qu’il venait de soumettre à sa domination, en
y faisant fleurir Fagrieulture, le commerce et
l’industrie. Je me gardai bien cependant de contredire
ses projets. Rarement l’amour de la gloire
militaire n’est point allié à l’amour des sciences
et des hautes conceptions de l’esprit. Je lui dis
donc qu’il s’avancait à grands pas vers l’immortalité;
que l’éclat de ses conquêtes, déjà si
brillant, allait acquérir un nouveau lustre par
les louanges unanimes que lui mériterait dans
l’Europe entière la protection éclairée qu’il accordait
aux découvertes Scientifiques ; qu’il était
digne de lui d’attacher son nom à l’exploration
exacte du fleuve Blanc et de ses^ sources, encore
enveloppées d’un voile mystérieux; que cette
investigation, dont les résultats seraient un jour
d’un avantage incontestable pour l’Egypte, avait,