pièces de bois, des quartiers de roche, qui entraînaient
plusieurs Turcs à-Ia-fois. Dès qu’ils
s’aperçurent que les assailians s’étaient imprudemment
engagés dans des passages impraticables,
ils accoururent avec une agilité surprenante
: les Turcs les comparaient à des oiseaux,
car ils semblaient à peine toucher la surface de
ces roches escarpées. La plupart, cachés derrière
des masses de granit ou masqués par les arbres,
attendirent les Turcs de pifid ferme; et les
premiers qui se montrèrent furent percés de
coups de lances avant d’avoir vu leurs ennemis.
Ceux-ci, qui connaissaient les issues, savaient
s’échapper facilement, et trompaient ainsi la
cupidité des Turcs, à qui le pacha avait promis
une piastre d’Espagne par chaque esclave qu’ils
fui amèneraient. Cependant Ismâyl, impatient de
voir que ces premières tentatives n’obtenaient
aucun résultat décidé, se mit lui-méme à gravir
la montagne, entouré de sept de ses mam-
louks et de quelques Albanais : parvenu à un
quart du trajet , il faillit être avec les siens
victime de son imprudence ; des nègres sortis
tout-à-coup de leurs retraites jetèrent sur eux
leurs lances, dont une vint frapper à mort un
mamlouk. Aussitôt le pacha et son escorte
firent feu sur les nègres et en tuèrent plusieurs ;
mais ils jugèrent qu’ils feraient sagement de revenir
sur leurs pas pour s’appuyer d’un corps
de troupe plus nombreux. Sur ces entrefaites,
les nègres, qui, en jetant ainsi leurs lances,
se trouvaient dépourvus des moyens de se
défendre, ne songèrent plus qu’à fuir pour se
soustraire à la vengeance de leurs persécuteurs.
Un quart environ s’échappa, et le reste fut pris.
Jusqu’à la fin du jour, la montagne retentit de
coups de fusil et des cris confus des malheureux
que cette injuste agression avait réduits
au désespoir. Leurs troupeaux, épouvantés
eux-mêmes, erraient dispersés de toute part et
semblaient répondre par leurs bêlemens prolongés
aux accens lamentables de leurs maîtres.
Le pacha eut, dans cette affaire, quarante
hommes de blessés et douze de tués ; au nombre
de ces derniers, il eut principalement à regretter
son khaznadar et le nouveau eolonel des Albanais.
La perte des nègres fut évaluée à cent
quatre-vingts morts; on fit cinq cent soixante-
quinze prisonniers. Hommes, femmes, enfans,
conduits devant l’artillerie, furent séparés et
attachés: beaucoup de jeunes mères étaient entourées
de leurs enfans en bas âge, qui pous