le lointain, au nord-est, de grosses montagnes
et un long rideau d’acacias. Plusieurs monticules
de granit se montrent au sud. Le terrain
de la vallée descend dans l’est ; il est exposé à
de fortes pluies : les coloquintes y abondent; les
soldats s’amusaient à se les lancer les uns aux
autres. Le jour vint, et nous en fûmes fort aises;
car nous avions beaucoup de peine à vaincre le
sommeil.
Le 25 février, à huit heures trois quarts,
l’armée s’arrêta ; elle avait marché douze heures
depuis eï-Kerbekân. J ’étais inquiet de ne point
trouver ici A’bdin bey, qui, dans la nuit, était
allé en avant : il ne parut que cinq heures après.
II était fortement irrité contre ses guides, q u i,
s’étant égarés la nuit, l’avaient conduit sur une
autre route : cette méprise eût pu lui être funeste,
en le faisant tomber entre les mains de
quelque parti de Chaykyés rebelles réfugiés
dans ces vallées. Aussi débuta-t-il par leur faire
administrer quelques centaines de coups de bâton.
Nous nous proposions de passer une bonne
nuit, lorsqu’à onze heures du soir le petit tambour
avertit qu’il fallait se préparer sans délai
pour le départ , qui eut lieu à minuit.
Des herbages et quelques doüms clairsemés
végètent encore dans cette partie de la vallée,
qui s’élargit beaucoup et ne présente que de
vastës plaines élevées dans le nord, plus basses
dans le sud et dans l’ouest; le sol, en beaucoup
d’endroits, est parfaitement uni, en général sablonneux
et offrant des parties argileuses sur
divers points. Combien cette nuit nous parut
longue ! il nous fallut lutter sans cesse contre le
sommeil sans pouvoir le vaincre; dans la crainte
de tomber de nos chameaux , nous cheminions
souvent à pied.
Le 26, à onze heures et demie, nous passâmes
entre des rochers de granit qui se présentaient
comme amoncelés les uns sur les autres
par blocs arrondis. Demi-heure après, nous
entrâmes dans une basse vallée , à Djiora, où
sont deux sources d’eau douce. On y campa
après douze heures de marche. Entre les rochers
qui la bordent, végètent des doums et
des .¡acacias épars.
Tout nous portait à craindre de marcher la
nuit suivante. Après avoir dressé nos tentes et
soigné nos chameaux , mes domestiques , harassés,
ne purent rien nous préparer ; on mangea
du biscuit, des ognons et des dattes. Nous
essayâmes tous de dormir; mais la clarté du