faute de mieux, lui être utile pour soigner sa
santé. Il parut deviner que ce n’était pas un
sentiment tout-à-fait désintéressé qui me dictait
ces réflexions. «En effet, repritfil, si la pierre,
» au lieu de tuer mon esclave , vous eût emporté
» vous qui venez de la France pour visiter ces
» pays, cet esclave n’aurait pas pu vous rem-
» placer pour découvrir des mines d’or et en
» rendre compte à mon père. Ainsi, dorénavant,
» je ne vous engagerai plus i ni vous ni mon
w médecin, dans des entreprises périlleuses.»
Je regrettai que Je défaut de temps et les
dangers qu’il eût fallu courir ne me. permissent
pas d’examiner avec une plus grande attention
la constitution géologique de cette chaîne de
montagnes primitives. Ce fut bien à contfti-coeur
aussi que je renonçai à y réunir une riche collection
d’échantillons minéralogiques. De ce
nombre étaient des fragmens de quartz-agate
d’une belle transparence, qui se trouvaient dans
les ruisseaux voisins.
De 2 6 décembre, on leva Je camp à six heures.
Il fallut revenir sur nos pas pour sortir de l’espèce
de gorge où nous avions stationné. A sept
heures, nous longions le pied de la montagne,
dans un bois de grands arbres papyrifères et
de nebkas : nous entrâmes ensuite dans un large
vallon bien boisé, se dirigeant au sud, ou nous
marchâmes toute la journée. A l’ouest était la
chaîne de montagnes de Tâby, de même nature
que la précédente, mais plus haute : bèaiicoup
de villages épars en couronnent les cimes ;
tous les nègfes qui les habitent avaient pris la
fuite. Parmi les baobabs, qui se montraient ici
.en abondance , j’en mesurai un dont le tronc
avait 20 mètres [ 62 pieds environ ] de circonférence.
A onze heures, la vallée se rétrécit: là
les arbres papyrifères croissaient en plus grand
nombre. Après avoir passé un joli rtiisseau d eau
douce, nous franchîmes, dans le sud-est, des
collines peu élevées, au-delà desquelles nous
entrâmes dans une autre vallée s étendant aussi
nord et sud. A midi, on fit route à travers de
vastes champs de dourah, dont la tige basse et
grêle annonçait la mauvaise qualité du sol,
composé, en partie, d’une terre sablonneuse
chargée d’ocre de fer rouge foncé : elle est aurifère
, s’il faut en croire les habitans. On rentra
de nouveau dans un bois planté d arbres moins
volumineux que les précédens. A une heure, à
l’approehe d’une haute montagne, les chemins
devinrent si difficiles, quon fut contraint de