de M. Lippi, en date du 5 septembre 1704 ; on
n était encore qu à Syout dans la haute Egypte.
« II faut sortir pour herboriser, écrivait-il, et
je nai pu le faire. II n’eût pas convenu de se
montrer dans le murmure et le soulèvement
qu entretient ici notre presence. Nous sommes
gens suspects; M. du Roule, à ce qu’on dit, est
un fils du roi fugitif ; nous avons des chameaux
chargés d or ; nous sommes d’insignes magiciens
qui ont Je noir dessein de couper le Nil et de
faire un désert complet de l’Égypte. En remontant
la riviere, ajoute-t-on, nous décochâmes
une fleche qui fit paraître en l’air plus de quatre
mille hommes armés, qui s’entrechoquaient d’une
manière épouvantable. En visitant les ruines
d’une ville assez proche d’ici, nous avions fait
signe â une haute colonne de nous suivre ; elle
obéit et monta sur la barque; alors, prodige
inoui ! cette colonne devint un homme, et cet
homme eut avec nous des entretiens mystérieux.
C’est ainsi que l’on parle de nous dans les cafés
et les places publiques. La maison l’autre jour
était environnée dune foule depeuple, que la
justice turque vint dissiper à temps. Ainsi nous
sommes renfermés sans oser nous montrer à ces
barbares. »
Le 3 octobre 1704, la caravane prit la route
du désert pour se rendre à Dongolah, en passant
par le Kharger. On reçut de leurs nouvelles
de Korti, dans la province de Chaykyé : le fanatisme
superstitieux leur suecitait à chaque pas
des difficultés et des périls toujours croissans. Ils
traversèrent le désert de Bahiouda, pour abréger
leur route et n etre plus chagrinés par les craintes
que leur manifestaient sans cesse les indigènes
riverains. A la fin de mai 1705, M. du Roule
arriva à Sennâr avec sa suite. Le roi le reçut
avec des protestations d’amitié, et l’on se fît des
présens réciproques. Bientôt des lettres venues
du Caire, et adressées à ce prince, firent changer
les choses de face : les intrigues prirent une
nouvelle activité; les ministres n’y furent point
étrangers; enfin, on parvint sans beaucoup de
peine à persuader au roi que M. du Roule allait
en Abyssinie pour détourner le cours du fleuve ,
instrUn e : les habitans dans la rt de la guerre et
leur porter des canons. En conséquence, la
perte de cet ambassadeur et de tous les siens
fut résolue:
A la fin du mois d’août, M. du Roule, pré
venu par le roi de Sennâr qu’il pouvait partir
pour F Abyssinie, se mit en marche avec sa
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