Souvent, dans le cours du trajet, j’avais fait
des réflexions qui m’attristaient ; elles se renouvelèrent
quand je fus près du camp. En me séparant
du prince Ismâyf, pour aller demander de
nouveaux firmans à son père, je n’avais pas craint
les refus de ce dernier; j’étais très-connu de lui,
et la considération qu’il devait au gouvernement
français, par qui j’étais envoyé, m’inspirait de la
confiance. II n’en était pas ainsi du prince Ismayl :
les motifs qu’il avait eus de m’éloigner pouvaient
subsister encore; ne s’offenserait-il pas de mon
opiniâtre persévérance?
Guerf el-Hâmdâb est composé de quelques
petites maisons éparses. Nous avions rencontré
sur notre route Kërymeh, Es-Selem f Suegâ ou
Soueyqât, Kassingar, el-Kourou, et aperçu sur
l’autre rive Sanab, Aduène ou Doueym, Sagât,
Nouri, où sont les pyramides, el-Grayba, el-
Bélel, lieux qui consistent en quelques habitations.
Nous avions remarqué aussi les îles de Tr-
gadingat, Om’cherah, d’Ed-Dokhon, et cçlle
de Habyb-Allah ou Tabyb-EUah. Près de Guerf
el-Hâmdâb, quelques rochers et une petite île se
montrent au milieu du fleuve, dont les deux
bords sont gartiis, à un demi-quart de lieue, de
collines formées d’un granit chargé de larges parcelles
de mica.
Je ne pus voir le prince ce jour-là; il était
incommodé : mais je fus admis près du brave
A’bdin bey, à qui M. le chevalier Drovetti, dont
je lui portais des lettres, m’avait fait connaître en
Egypte. Mohammed-Aly, croyant que je trouverais
A’bdin bey dans le Dongolah, où il devait
rester gouverneur, m’avait donné un firman
pour lui, portant recommandation de me fournir
les escortes dont j aurais besoin pour rejoindre
l’armée de son fils, ou me faire accompagner
jusqu au Sennar ; enfin , tout ce qui pourrait
faciliter ma recherche des mines que l’on disait
exister dans cette province.
Je remis ce firman à A’bdin bey; et après
qu’il en eut pris lecture, -il me fit les offres les
plus affectueuses de ses services, en m’assurant
de toute sa protection. L’armée devant partir
sous trois jours, il me recommanda de ne pas
m’en éloigner , attendu que j’avais à peine le
temps de faire mes préparatifs de départ pour
marcher à sa suite. J ’expédiai sur-le-champ un
Arabe à M. Letorzec, pour l’engager à venir
sans délai avec tous nos bagages ; et je me vis
ainsi obligé de remettre à mon retour l’explo