Ces hameaux sont composés de cabanes carrées,
construités en paille. Plusieurs parties de
ï’île sont abandonnées au bois et aux herbages
qui les couvrent. Cette île serait susceptible
d’un rapport plus considérabie, si les habitans
voulaient ia cultiver. La moyenne de quatre
hauteurs méridiennes porte le lieu de Toura
par 19° 18' 40" de iatitude nord; la longitude,
de 28° 23', est le résultat de plusieurs observations
de distances lunaires; la latitude des ruines
est de 19° 22' 39". Nous trouvâmes la variation
de 12° nord-ouest.
J ’appris que ïe méiik Tôümbol avait fait
retirer la barque qui nous servait pour communiquer
avec îa partie ouest du fleuve, où nous
avions besoin de nous rendre pour savoir de
Kafîs-Effendy le jour de notre départ : je lui
écrivis par un homme qui, s’aidant de quelques
morceaux de bois, passa ïe Nil à ïa nage. Le 21,
il me fut répondu que notre départ n’aurait
ïieu que dans cinq jours. Les conducteurs de
mes chameaux íes ayant laissés seuls > ces animaux
s’étaient écartés dans les herbages, et ïes
bois les dérobaient à ïa vue; on ne savait plus
où les retrouver : j’envoyai cinq personnes à
leur recherche. Pour me rassurer sur ïa crainte
de íes avoir perdus, ïes habitans de ï’île me disaient
que souvent ïeurs bestiaux s’égaraient à
travers les fourrés épais et les plantes élevées,
et qu’ils avaient battu mainte fois ïe pays pendant
dix jours entiers, avant de ïes découvrir.
J ’avais donc à redouter que ïe jour de-notre
départ n’arrivât avant qu’on pût déterrer ïa retraite
de nos chameaux. Heureusement iï n’en
fut pas ainsi ! après trois jours de recherches
dans toutes les directions, j’eus le plaisir de les
revoir bien gros et bien nourris.
La disette de pain était extrême dans ïe pays :
les habitans, qui avaient vu arriver chez moi
des sacs de fèves et de dourah, venaient me supplier
d’en échanger avec eux pour des chèvres
ou pour du beurre. L’armée, à son passage, avait
tout épuisé : aussi le prince, par forme de dédommagement
, leur avait accordé la faveur de
ne point payer d’impôts pendant une année.
Le 22 , j’envoyai mon interprète près du
méiik Toumboï, pour obtenir de lui la barque
qui devait nous délivrer de l’espèce d’emprisonnement
où nous étions dans ï’île d’Argo ; il ïa
ramena en effet ïe lendemain soir. Le 24, je fis
passer mes chameaux sur le rivage du Nil, e t ,
dans la matinée du 25, nous achevâmes ïe trans