j’ai déjà parlé. De ce désert, nous descendîmes
dans la vallée du N il, à Chabatout, où nous
nous arrêtâmes une heure et demie, pour laisser
reposer Kafîs-Effendy, encore faible et à peine
rétabli d’une fièvre qu’il avait gardée à Marakah
durant plusieurs mois. A deux heures et demie,
nous montâmes sur nos dromadaires, et rejoignîmes
bientôt les traîneurs de la caravane.
Quelques dattiers clairsemés croissent sur ia
rive du Nil. A trois quarts d’heure de Chabatout,
nous traversâmes le village de Dambéo; six
heures et demie après, nous fîmes halte sur les
bords du Nil, à Salaki, en face de l’île de Kogne.
Cette île et celles dont j’ai parlé précédemment
sont habitées et cultivées plus ou moins bien.
C’est à Salaki que, quinze jours auparavant,
cinq soldats albanais avaient été massacrés par
une troupe de cavaliers chaykyés, qui se tenait
dans cette partie du désert. Les habitans nous
dirent avoir profité de quelques dépouilles de ces
malheureux, que les Chaykyés leur avaient abandonnées.
II était douteux que nous fussions plus
en sûreté chez ces hôtes que parmi les Chaykyés
eux-mêmes ; mais nous étions voisins de la caravane
, et cette escorte suffisait pour nous tranquilliser.
Le 30, à sept heures, nous sortîmes des terres
cultivées pour entrer daus une plaine bornée à
i’ouest par des bois d’acacias, en avant desquels
les effets du mirage simulaient de vastes lacs,
d’où s’élevaient des îles couvertes d’une multitude
d’arbustes. L’illusion produite par ce phénomène
de réfraction est toujours telle, que celui même
qui en connaît le principe par expérience s’y méprendrait
encore bien souvent, s’il n’était dissuadé
de son erreur par les habitans du pays.
Nous laissâmes derrière nous Chibân , village
assez considérable, el-Saguil, ei-Gôlet, plus
grand encore, en face duquel est l’île d’el-Koum-
Nârti, et plus au sud Abed-Hemar, el-Farqeh.
A neuf heures, nous découvrîmes les dattiers de
Basleyn, bourgade située vis-à-vis de l’île du
même nom. A dix heures et demie, nous dépassâmes
Bakri, hameau voisin de Roum, île des
Grecs, et la partie est du fleuve, nommée Arab-
Hay; non loin de là s’élèvent quelques montagnes
appelées Abd-Abah. Nous traversâmes le
territoire inculte d’eï-Keleh, puis el-Leau et
Kodokôl, villages assez grands. Sur la rive opposée,
un peu plus au sud, est Aléau, près d’une
île du même nom. A deux heures , nous aperçûmes
Dongolah - Agouz , sur un rocher très*
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